Internet : Bruxelles pousse à l’adoption de l’«Internet Protocol Version 6»

Le succès croissant des
services internet fait qu’en l’absence de mesures adéquates, le nombre
d’adresses internet disponibles pourrait bientôt s’avérer insuffisant. En
encourageant les utilisateurs de l’internet et les fournisseurs d’accès à
adopter le protocole internet le plus récent (Internet Protocol version 6,
ou IPv6), il sera possible d’augmenter considérablement le nombre d’adresses
IP, de la même manière que lorsque les numéros de téléphone ont été allongés
au XXe siècle. L’objectif que fixe la Commission européenne est qu’en 2010,
25 % des entreprises, des administrations publiques et des particuliers
européens utilisent IPv6. Elle appelle en outre à une action concertée au
niveau de l’Europe afin que tous les acteurs soient prêts pour la
transition. Ainsi, les consommateurs n’auront pas à supporter de coûts
supplémentaires et les entreprises européennes innovantes bénéficieront d’un
avantage concurrentiel.

 

«L’adage “un point fait à
temps en vaut mille” s’applique tout particulièrement à IPv6», a déclaré Mme
Viviane Reding, la commissaire européenne chargée de la société de
l’information et des médias. «À court terme, les entreprises et les
administrations publiques peuvent être tentées de se contenter de l’ancien
système, quitte à limiter leurs besoins, mais l’Europe serait alors mal
placée pour tirer profit des dernières technologies de l’internet et elle
pourrait faire face à une crise une fois que les adresses de l’ancien
système seront épuisées. Le protocole IPv6 offre plus d’adresses dans le
cyberespace qu’il n’y a de grains de sable sur toutes les plages du monde.
Pour que les Européens puissent utiliser les dernières innovations internet
telles que les puces intelligentes dans les magasins, les usines ou les
aéroports, les systèmes de chauffage et d’éclairage intelligents et économes
en énergie ou encore les systèmes de réseau et de navigation embarqués dans
les voitures, il faudra multiplier par mille le nombre d’adresses IP
disponibles. J’appelle les pays de l’UE à faire en sorte qu’IPv6 soit
largement employé par les autorités publiques et les entreprises d’ici à
2010.»

 

IPv4, qui est utilisé
depuis 1984, fournit 4,3 milliards d’adresses. Sur ce nombre, 700 millions
seulement, soit 16 %, sont aujourd’hui disponibles pour de nouvelles
connexions. Le nouveau protocole internet, IPv6, créera un stock quasiment
illimité d’adresses IP, ce qui permettra de lancer de nouvelles applications
utilisant des appareils trop nombreux ou trop coûteux pour IPv4. Il sera
ainsi beaucoup plus facile pour les particuliers de créer leur propre réseau
privé à domicile et de le connecter à l’internet.

 

IPv6 favorisera
l’apparition d’applications internet innovantes, notamment celles qui
nécessitent de mettre en réseau un très grand nombre de petits appareils
simples. À titre d’exemple, la gestion de l’éclairage public et des
bâtiments intelligents pourrait en être améliorée, et l’internet pourrait
servir à connecter entre eux, à peu de frais et de manière fiable, des
capteurs sans fil intégrés à des appareils domestiques. Ces possibilités
devraient servir de catalyseur et encourager les entreprises à développer la
génération suivante d’applications internet.

 

La plupart des nouveaux
ordinateurs et serveurs vendus par les principaux fabricants sont d’ores et
déjà compatibles avec IPv6, mais ils ne peuvent être contactés que par leur
ancienne adresse IPv4. Le réseau internet européen pour la recherche, GÉANT,
est déjà entièrement compatible avec IPv6. Grâce à lui, l’Europe est la
région du monde qui utilise le plus grand nombre d’adresses IPv6. Toutefois,
le reste de l’internet doit maintenant pouvoir bénéficier à son tour de ce
type de connexion. Une action concertée de tous les acteurs du secteur, au
niveau européen, est nécessaire pour garantir une croissance rapide de
l’utilisation d’IPv6, les liaisons internet principales devant pouvoir
prendre en charge tant IPv4 qu’IPv6.

 

Au Japon, NTT (Nippon
Telecom and Telegraph) dispose d’ores et déjà d’une liaison «backbone»
fonctionnant avec IPv6, et la Chine prévoit de mettre en place des réseaux
compatibles à la fois avec IPv4 et IPv6 avant les Jeux olympiques de Pékin.
Le gouvernement américain a rendu obligatoire la compatibilité avec IPv6
pour tous les marchés publics, mais en pratique, la technologie internet des
États-Unis reste semblable à celle de l’UE.

 

La Commission a adopté
mardi 28 mai une communication dans laquelle elle demande aux États membres
de faire du secteur public européen un pionnier du déploiement du nouveau
protocole en faisant migrer vers IPv6 ses réseaux internet, ses sites web et
ses services d’administration en ligne. Afin que les sites web européens du
secteur privé montrent également l’exemple, la Commission va contacter au
moins 100 des principaux d’entre eux, notamment ceux qui diffusent des
informations en ligne, afin qu’ils prennent des engagements en ce sens d’ici
à la fin de l’année. Le propre site web de l’Union européenne, “europa.eu”,
géré par la Commission, sera accessible par IPv6 d’ici 2010. Pour encourager
les entreprises du secteur des technologies de l’information à aller de
l’avant, les États membres devraient rendre obligatoire l’utilisation d’IPv6
dans le cadre des marchés publics (comme c’est déjà le cas pour la
Commission européenne et le gouvernement américain), sensibiliser les
entreprises et les organisations et les aider lors de la transition.
La Commission invite les principaux acteurs du secteur à participer à la
manifestation qu’elle organise à Bruxelles le 30 mai, lors de laquelle elle
présentera son initiative pour accélérer le déploiement d’IPv6 en Europe.

 

La Commission européenne
a investi 90 millions d’euros dans la recherche sur IPv6. En 2002, elle a
lancé un plan d’action pour préparer la migration vers IPv6, avec notamment
la mise en place d’un important groupe d’experts ayant de l’expérience dans
le déploiement d’IPv6 (voir IP/02/284). En conséquence, les réseaux de
recherche européens sont prêts pour IPv6, le réseau GÉANT (voir IP/08/354)
étant même le leader mondial du déploiement de ce protocole. Plus de 30
projets de R&D européens ayant un rapport direct avec IPv6 ont été financés
par les programmes-cadres de recherche de l’UE.

 

Un dossier de presse,
comprenant la communication de la Commission sur IPv6 adoptée aujourd’hui,
est disponible à partir de l’adresse suivante:


http://ec.europa.eu/information_society/newsroom/cf/itemdetail.cfm?item_id=4133

 

(Source : Commission
européenne)