L’inflation repart en Europe en pleine grogne sur les carburants

 
 
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ège de la Banque centrale européenne, le 6 juin 2007 à Francfort (Photo : Martin Oeser)

[30/05/2008 15:23:32] BRUXELLES (AFP) L’inflation en zone euro a de nouveau accéléré en mai pour revenir à son record historique de 3,6% sur un an, dans un contexte de protestation déjà croissante en Europe face à la montée des prix du pétrole, des pêcheurs aux transporteurs routiers.

Les prix à la consommation dans les quinze pays de la zone sont repartis à leur niveau de 3,6% de mars, un record depuis la création de la zone euro en 1999, selon une première estimation de l’office des statistiques européen Eurostat publiée vendredi.

En avril, le rythme de hausse avait un peu ralenti, à 3,3%, un répit de courte durée.

Dans certains pays, l’inflation a même enregistré de nouveaux records. En Italie, elle a accéléré à 3,6%, un sommet depuis août 1996. En Espagne, elle a atteint 4,7%, son niveau le plus haut depuis au moins onze ans, tandis qu’en Belgique, elle est à son plus haut depuis 23 ans, à 5,21%.

En Allemagne, les prix à la consommation ont augmenté plus qu’attendu, de 3%, après 2,4% en avril, selon un chiffre provisoire.

L’inflation est toujours tirée par les mêmes facteurs, la flambée des prix alimentaires et du pétrole, désormais proches de 130 dollars le baril. “Les mêmes raisons entretiendront vraisemblablement l’inflation autour de ces niveaux au cours des prochains mois”, estime Giada Giani, économiste de la banque Lehman Brothers, qui dit ne pas attendre “de nouvelle baisse avant octobre”.

Pour Sunil Kapadia, économiste chez UBS, l’inflation devrait continuer son accélération jusqu’à attendre 3,8% ou 3,9% en août, en raison “en particulier de la hausse des prix de l’énergie”. Et pour ne rien arranger, elle se couple à des signes de plus en plus précis de ralentissement de la croissance.

Pas de quoi rassurer les Européens donc, alors que l’envolée des tarifs du pétrole suscite déjà la grogne de certaines professions particulièrement affectées, pêcheurs, agriculteurs ou routiers, et commence à entamer l’appétit de consommation des ménages.

Parti de France il y a plus de deux semaines, le mouvement de protestation des pêcheurs a pris une dimension européenne, gagnant l’Espagne, l’Italie et le Portugal.

Il met aussi sous pression les responsables politiques européens, qui cherchent des réponses à apporter à ce troisième choc pétrolier, après les deux premiers de la décennie 1970, moins brutal que les précédents mais sur la durée tout aussi significatif.

Après le président français Nicolas Sarkozy, qui a proposé mardi de plafonner le prélèvement de la TVA sur les carburants, plusieurs responsables ont appelé à agir pour limiter les effets de la flambée des cours du brut.

L’idée du président français a suscité toutefois beaucoup de scepticisme, notamment de la part de la Commission européenne.

Le président de l’Eurogroupe Jean-Claude Juncker a jugé vendredi que le “le fait de réfléchir une réaction politique à l’envolée et à la volatilité des produits pétroliers (…) mérite réflexion”.

Mais il a rappelé que l’Europe s’est déjà engagée dans le passé à éviter les mesures de court terme sur la fiscalité du pétrole pour apaiser l’opinion, estimant qu’elles empêcheraient l'”ajustement nécessaire” des pays consommateurs.

La France persiste malgré tout. Le Premier ministre François Fillon a même appelé vendredi l’Europe à accepter “l’idée que les propositions qui sont faites par les uns ou par les autres doivent d’abord être discutées avant de recevoir une réponse négative”.

Cette question, et plus largement le problème de l’inflation élevée, pourraient être débattus par les ministres européens des Finances, qui se réunissent en début de semaine prochaine, au moins en marge de leurs travaux.

 30/05/2008 15:23:32 – Â© 2008 AFP