[31/05/2008 08:16:39] MADRID (AFP) Les pêcheurs espagnols, portugais et italiens ont entamé vendredi une “grève illimitée”, très largement suivie selon leurs représentants, pour protester contre l’envolée des prix du gazole, prenant ainsi le relais du mouvement de leurs collègues français. En Espagne et au Portugal, la totalité des bateaux de pêche sont restés à quai alors qu’en Italie plus de 10.000 pêcheurs étaient à l’arrêt, selon les organisations de pêcheurs. Les pêcheurs français, mobilisés depuis plus de 15 jours, ont repris leurs actions avec le blocage du port du Havre (nord-ouest), le 2e du pays, et le barrage des accès à des dépôts pétroliers dans le centre du pays. Au risque d’irriter un peu plus une profession déjà ulcérée, la Commission européenne a demandé vendredi à pouvoir si nécessaire réduire davantage les quotas de pêche des pays de l’UE, pour préserver les réserves de poissons. Jusqu’à présent, les variations annuelles de ces quotas sont limitées à 15% à la baisse ou à la hausse, mais compte tenu d’une situation des stocks halieutiques jugée “alarmante” par le commissaire Joe Borg, Bruxelles veut avoir à partir de 2009 la possibilité de diminuer les quotas de plus de 25% pour les espèces ou zones considérées comme les plus en danger. L’effet boule de neige de la grogne des pêcheurs dans le sud de l’UE a semblé produire de premiers effets: un responsable espagnol a annoncé que l’Espagne, la France, l’Italie et le Portugal allaient proposer à Bruxelles la création d’un fonds d’aide aux pêcheurs “les plus touchés par l’escalade” du prix du gazole.
Cette proposition devrait être arrêtée lors d’une réunion la semaine prochaine à Madrid, a indiqué Juan Carlos Martin Fragueiro, secrétaire général de la Mer au ministère de l’Agriculture et de la Pêche. L’objectif sera de proposer une “solution harmonisée” dans le “respect scrupuleux” des normes communautaires. Le ministre italien de l’Agriculture, Luca Zaia, a promis de son côté mesures “urgentes pour atténuer l’impact de la crise économique sur les opérateurs” en Italie, et souhaité que le problème de l’envolée des prix du gazole soit au programme du conseil européen du 23 juin. La France -qui assurera au 1er juillet la présidence de l’UE-, l’Espagne et l’Italie, ont pressé cette semaine Bruxelles d’autoriser des aides directes aux pêcheurs en colère. Le commissaire européen à la Pêche Joe Borg s’est dit prêt jeudi à faire preuve de souplesse tout en refusant l’idée de subventionner le prix du gazole. En Espagne, où est concentrée la plus puissante flotte de pêche de l’UE, la grève a été “suivie par pratiquement tout le secteur”, a assuré à l’AFP Javier Garat, le secrétaire général de La Confédération espagnole de la Pêche (Cepesca), la principale organisation patronale du secteur.
“C’est la pire crise que traverse le secteur depuis 100 ans. Le prix du gazole à triplé en quatre ans et le prix du poisson à la première vente n’a pas bougé depuis 20 ans”, a expliqué à l’AFP M. Garat. Sept mille pêcheurs selon les organisateurs, 2.000 selon la police, ont manifesté dans la matinée à Madrid avec force sifflets et engins fumigènes devant leur ministère de tutelle pour réclamer des “mesures choc”. Ils ont symboliquement distribué gratuitement 20 tonnes de poissons frais. Au Portugal, le mouvement a été suivi “à 100%”, selon la Fédération des syndicats du secteur de la pêche. “Aucun bateau n’est sorti”, selon son dirigeant Antonio Macedo. En Italie, “On estime à 11.000-12.000 le nombre de pêcheurs en grève, et le mouvement est particulièrement suivi dans les Marches et le Molise”, régions du centre donnant sur l’Adriatique, selon la principale fédération italienne de pêche (Federcoopesca). |
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