Que faire des avions à leur mort ? Airbus affirme avoir la solution

 
 
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éronautique de Berlin, le 26 mai 2008 (Photo : Michael Urban)

[31/05/2008 10:00:44] BERLIN (AFP) Que faire des avions à leur mort? Les constructeurs aéronautiques, qui s’étaient jusqu’ici peu posé la question, s’en préoccupent désormais de plus en plus, comme l’illustre l’initiative d’Airbus présentée au Salon aéronautique de Berlin.

D’ici 20 ans, plus de 6.000 avions civils de plus de 100 places seront retirés du marché, estime l’avionneur européen. Actuellement, les appareils obsolètes sont le plus souvent abandonnés dans des déserts (comme celui de Mojave aux Etats-Unis) ou sur des aéroports, découpés dans des conditions très critiquables en termes de sécurité et de protection de l’environnement, n’autorisant qu’un recyclage et une valorisation très partielle des composants.

Contrairement aux voitures, qui ont une existence de 5 à 7 ans, les avions vivent beaucoup plus longtemps, entre 35 et 40 ans –commençant souvent leur carrière en transportant des passagers au départ de pays riches pour finir par le fret dans des pays plus pauvres aux réglementations sécuritaires moindres.

En raison de cette durée de vie extrêmement longue, leurs propriétaires se trouvaient jusqu’ici peu confrontés à leur élimination, à la différence des automobiles qui partent en masse chaque année à la casse. Il n’existe d’ailleurs en Europe aucune réglementation spécifique pour faire disparaître les avions, contrairement aux voitures, dont les fabricants sont désormais soumis à un régime sévère.

Voyant la fin de ses premiers appareils proche –les A300B, lancés dans les années 1970–, Airbus a décidé de piloter un projet baptisé PAMELA (Process for Advanced Management of End-of-Life of Aircraft), lancé en mars 2005 et achevé en novembre 2007.

Pour un montant de 3,3 millions d’euros (dont 30% subventionné par l’Union Européenne), Airbus, Sita, filiale du français Suez environnement et EADS Sogerma, filiale de EADS –maison mère de Airbus– ont décliné 16 scénarios de démantèlement d’un A300B.

Parmi les principaux défis à relever, Olivier Malavallon, chef de projet PAMELA, cite la taille de l’appareil et la quantité encore très faible de machines à faire disparaître –ceci ne permettant pas de générer des solutions industrielles de grande ampleur.

En démontant par nature de matériaux les différents éléments de l’avion, ce qui dure entre quatre et six semaines en moyenne, Airbus affirme pouvoir revendre 85% de ses appareils, dont 70% des pièces seraient soit réemployées, soit recyclées. Seuls 15% devraient donc être enterrés. “On découpe au jet d’eau –une technique utilisée dans l’industrie pétrochimique– car les réservoirs avec des résidus de kérosène dans les ailes pourraient s’enflammer si l’on utilisait un chalumeau par exemple”, explique M. Malavallon.

Actuellement, certains ferrailleurs démontent un avion en deux ou trois jours à la pelle, et ne peuvent donc que revendre 30 à 40% de l’engin, selon un expert aéronautique.

Pour mener ce démontage, Airbus et ses partenaires vont ouvrir en septembre à Tarbes une plate-forme, destinée à retraiter n’importe quel avion civil.

“Actuellement, le coût du recyclage varie entre 30.000 et 150.000 euros en Europe, du fait du coût assez élevé de la main d’oeuvre. Ce qui fait que l’opération est financièrement tout juste équilibrée dans cette zone”, note M. Malavallon.

L’avenir appartient donc plutôt, selon lui, aux plates-formes dans des pays à bas coût, où se trouvent d’ailleurs la majeure partie des avions en fin de vie. Airbus négocie actuellement l’installation de certaines d’entre elles en Amérique du sud, au Moyen Orient et en Asie du Sud-est.

 31/05/2008 10:00:44 – Â© 2008 AFP