Les dérivés climatiques, ou comment s’assurer contre le mauvais temps

 
 
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éton s’abrite sous un parapluie dans les rues de Paris, le 3 juillet 2007 (Photo : Clemens Bilan)

[31/05/2008 13:33:53] PARIS (AFP) Parapluie des entreprises, les “dérivés climatiques” connaissent un certain succès aux Etats-Unis mais ont plus de mal à émerger en Europe où il n’existe toujours pas de marché organisé pour ces produits financiers qui permettent de se prémunir contre les aléas de la météo.

Que la température baisse de seulement 2 degrés en août et la consommation de bière chutera de 15%. Qu’elle augmente de 1 degré en septembre et la demande de chips progressera de 7% dans l’Ouest de la France tandis que les ventes de textile baisseront de 4,7%.

La météo est le premier facteur de risque pour 40% du produit intérieur brut (PIB), estime Didier Marteau, professeur à l’Ecole supérieure de Commerce de Paris (ESCP). Pour certaines sociétés (énergétiques notamment), le facteur climatique peut expliquer jusqu’à 80% de la variation des résultats.

A tel point qu’on peut se demander “quels sont les réels déterminants du résultat des entreprises brassicoles: la qualité du management, le niveau des taux d’intérêt, la politique marketing… ou le temps qu’il fait?”, relève M. Marteau.

Les dérivés climatiques sont nés de ce constat. Le premier échange a eu lieu en 1997 aux Etats-Unis. Depuis, le marché s’est nettement développé et ces dérivés sont désormais cotés en temps réel à la Bourse de Chicago, le Chicago Mercantile Exchange (CME).

Ils permettent aux entreprises américaines de se couvrir contre les chutes de neige à Boston ou New York, le gel à Amsterdam ou un hiver doux à Dallas.

Leur principe est simple. Un entreprise textile qui veut se prémunir contre un mois d’octobre plus chaud que la moyenne va par exemple acheter des contrats lui assurant une température de 10 degrés à Paris.

S’il fait plus chaud que prévu, l’entreprise verra ses ventes baisser mais sera dédommagée par le vendeur du contrat (par exemple 10.000 euros par degré de plus). S’il fait plus froid, ses ventes augmenteront, et c’est elle qui paiera l’investisseur.

En Europe, il n’existe pas de marché organisé du type de celui de Chicago. Les entreprises doivent se tourner vers des banques ou des courtiers en assurance. Ces derniers fabriquent des produits de couverture sur mesure qu’ils revendent le plus souvent à des investisseurs.

La banque française Natixis a ainsi conçu des produits pour protéger le réseau d’EDF contre le risque de tempête et des stations de ski contre le manque de neige.

“Il y a un vrai appétit des investisseurs pour prendre des risques climatiques car c’est un élément de diversification intéressant pour leur portefeuille”, indique Sydney Rostan, directeur de l’équipe titrisation du risque d’assurance.

En clair: les chutes de neige dans les Alpes ne risquent pas d’être influencées par la crise du “subprime”. D’où l’intérêt des investisseurs qui cherchent à diversifier leurs risques.

Côté demande, les choses sont plus complexes. Les entreprises “météo-sensibles” ne sont pas toujours conscientes de leur risque climatique ou ont du mal à le mesurer. Et les dérivés climatiques sont vus comme des produits chers, exotiques et difficiles à revendre.

La création d’une Bourse climatique n’est pourtant pas exclue.

Créée il y a un an, MetNext, filiale commune de Météo-France et de l’opérateur boursier Nyse-Euronext, aide les entreprises à mesurer leur exposition à la météo. “On ne créera pas une Bourse mais on pousse dans ce sens”, confie Marie-Geneviève Renaudin, directrice générale.

Née en janvier, la Bourse du CO2 BlueNext affiche elle ses ambitions en la matière. Mais précise qu’elle n’a pas encore fixé de calendrier.

 31/05/2008 13:33:53 – Â© 2008 AFP