Décidément, la saison des
classements a commencé. Le championnat de football a révélé le tenant du
titre, même si tous les petits secrets n’ont pas été divulgués. Une simple
question de confidentialité. On a beau dire, trop de transparence nuit, en
ce qui concerne les petites affaires, même footballistiques. C’est que l’été
est à nos portes, saison traditionnelle des bilans, puisque le rythme (pas
toujours trépidant) de l’hiver et du printemps cède le pas au farniente,
canicule oblige. Et c’est aussi du sport, que d’analyser les tout derniers
classements livrés par les institutions régionales, nationales, et même
internationales.
Question business, par exemple, la Banque mondiale n’a pas été très tendre
avec nous. C’est tout juste si on n’a pas été relégué en division d’honneur,
même si nos scores, diront les plus indulgents, restent honorables. Nous
progressons à pas de géant, même si nous ne sautons pas les étapes. Histoire
de respecter la loi des étapes, règle d’or scrupuleusement suivie dans notre
pays. Une question de sensibilité, pas question de brusquer les choses.
Toujours est-il que la Banque mondiale n’a pas l’air d’apprécier notre
évolution à sa juste valeur, puisque la vénérable institution financière
mondiale nous a rétrogradés de huit places. On était 80ème en 2007, nous
voici 88ème en 2008. Autant dire une peccadille. Puisque Transparency
International, elle, nous garde toujours une place au chaud, devant nos
frères marocains et algériens. Et c’est ce qui compte, dans la course
«fraternelle» aux honneurs. Peu importe si, là aussi, nous dévalons encore
quelques marches. Le contexte économique est difficile, avec la hausse des
cours pétroliers, la cavalcade inflationniste des produits alimentaires.
Justement diront les mauvaises langues. Il serait temps de soumettre nos
boulangeries à la loi informatisée de la carte à puce. Histoire d’éviter les
abus, et les excès, toujours dûment compensés par la caisse éponyme.
Mais qu’importe, puisque c’est pire ailleurs, et honnis soit qui mal y
pense, puisque quand dans certains pays frères, l’ouverture des boulangeries
compensées déclenche de «tristes bousculades» (les circonlocutions restant
de mise pour évoquer les émeutes), chez nous, Dieu merci, tout le monde a
droit à sa baguette. Le tout est de marcher droit, et l’économie nationale
ne déviera pas de sa trajectoire rectiligne. Vers le succès évidemment. Et
quand bien même ce ne serait pas le cas, on pourrait toujours trouver un
frère encore plus bas. Nous avons donc ainsi pour règle tacite de
relativiser les résultats en demi-teintes, et de rabâcher indéfiniment les
moindres avancées. Histoire d’encourager le développement à marche forcée,
et d’embellir encore les lendemains chantants. Soyons fiers comme nos
supporters. Dignes dans la victoire, discrets dans la défaite. Le public,
lui, sait se montrer fair-play, quand ça l’arrange. Les Tunisois n’ont-ils
pas acclamé Ben Chikha l’Algérois comme il se doit ? One Two Three, Viva
l’Algérie, ont hurlé de joie, les Clubistes, pour un succès qui se voulait
aussi Maghrébins, même si les circonstances, manquent selon certains,
singulièrement de transparence. Et encore une fois, qu’importe. Puisque nous
avons eu, et c’est une nouveauté, un trophée remporté à Tunis, acclamé à
Alger.
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