Vouloir retenir ses
employés, notamment les plus compétents, est tout à fait légitime et de bon
aloi pour une entreprise. Encore faudrait-il savoir comment s’y prendre et y
mettre la forme. De nombreux patrons tunisiens, absolument «up-to-date »,
dans tous les aspects de la vie d’une entreprise, et, en particulier, en
matière de gestion des ressources, ont recours à toutes les ficelles de la
motivation pour convaincre leurs meilleurs éléments de ne pas les quitter,
notamment en mettant en place de véritables plans de carrières, ainsi que
des systèmes de «stock-options» pour donner aux employés de la visibilité
sur leur parcours à venir et une forte motivation de demeurer fidèle à son
employeur et à mouiller leur chemise en sa faveur. D’autres patrons innovent
et «inventent » de nouvelles manières d’empêcher leurs troupes de passer «à
l’ennemi ». Une de ces «innovations » nous est récemment venue du secteur
bancaire, par ailleurs –généralement si conservateur et rétif au changement,
le vrai et le bon. Elle consiste, pour certains patrons de banques, à faire
signer à ceux de leurs employés soupçonnés d’avoir des envies
«démissionnaires », un engagement en bonne et due forme à ne
pas…démissionner. Du jamais vu, ici comme ailleurs.
Ce problème s’est
récemment posé dans deux banques privées de la place victimes d’une
hémorragie de cadres au profit d’une troisième, Attijari bank en
l’occurrence.
Engagée dans un processus
de restructuration-modernisation, l’ex-Banque du Sud a entrepris de recruter
des têtes bien faites pour se renforcer dans les secteurs où elle souffre de
faiblesses. Ce projet de rénovation en ayant apparemment subjugué plus d’un,
il s’est donc tout naturellement trouvé parmi les employés de deux banques
de la place quelques uns désireux d’aller tenter leur chance au sein de la
filiale d’Attijariwafa bank. Bien que cette dernière ne vas pas chercher ces
demandeurs de meilleures conditions de travail et ne leur offre même pas –du
moins au début- une augmentation salariale.
Criant au scandale, les
anciens employeurs ont porté l’affaire devant la Banque Centrale et ont en
même temps entrepris de faire signer à leurs employés des engagements à…ne
pas quitter la banque ! Comme si un tel engagement pouvait avoir une
quelconque valeur légale.
Mais que les banquiers se
rassurent, ils ne sont pas les seuls, en Tunisie, à faire face à de tels
comportements d’un autre âge. Les journalistes, -et fort probablement
d’autres corporations- aussi, en savent quelque chose. En effet, certains
patrons de presse font signer à leurs nouvelles recrues des engagements à ne
pas travailler chez un concurrent, en cas de départ, avant deux ans.
Cela ne se passe pas dans
un pays franchement sous-développé, mais chez nous, en Tunisie, un pays
émergent, engagé depuis douze ans dans une mise à niveau à la faveur
laquelle les patrons sont supposés avoir non seulement modernisé les
équipements de leurs entreprises, mais également opéré leur révolution
culturelle, donc managériale.
|