Sur un blog, nous avons ainsi eu l’occasion de lire le poste mis en ligne
par une blogueuse reconnue, puisque, selon elle en tout cas, une agence de
la place l’a chargée de «parler» d’un téléphone portable d’une marque
internationale sur son blog. Histoire de faire du buzz, justement. Parce que
comme chacun sait, le buzz c’est ce bourdonnement fait par les internautes,
et autres consommateurs plus ou moins avisés, autour d’un produit, ou d’un
événement. Soit. Mais pour qu’il y ait du «bruit», encore faut-il que
l’événement en question ait un minimum d’intérêt. Le cas échéant, qu’il soit
au moins présenté de telle sorte qu’il aiguise la curiosité. Et c’est là
tout l’art du communicateur. Or notre blogueuse, si elle a joué le jeu, elle
s’est contentée d’émettre quelques commentaires insipides sur l’appareil, en
rappelant au passage que c’est une agence qui lui a demandé de le faire.
S’il ne s’agit pas de publicité déguisée, vous conviendrez que quelques
lignes rédigées à la va-vite, même sur un produit révolutionnaire, ne vont
pas, comme par miracle, doper les ventes.
Faut-il pour autant jeter le bébé avec l’eau du bain ? Clairement non.
Puisque le buzz peut constituer un moyen particulièrement efficace de
promouvoir une image de marque, avec relativement peu de moyens. Le concept
reposant en grande partie sur la notion de marketing viral. Le message étant
véhiculé par le public cible lui-même, transformant quasiment nos
internautes en hommes-sandwichs. Or pour que tout ce beau monde y trouve
aussi son compte, il faut qu’il soit réellement partie prenante, et qu’il
puisse trouver de vraies informations, dans le message transmis. Mieux : si
le plaisir est au rendez-vous, la boule de neige se transformera d’autant
plus aisément en avalanche. Des mini-vidéos parfois réalisées avec des bouts
de chandelles, sont relayées par des milliers d’internautes. Et le produit
ainsi «vendu» n’est pas nécessairement mis en avant. Une telle pub est
parfois à la limite du subliminal.
Or malgré le développement du net en Tunisie, nos professionnels du web
sont, dans leur écrasante majorité, de purs techniciens. Or par définition,
les nouveaux supports virtuels sont des multimédias. Les animations, les
images, au-delà de leur aspect purement esthétique doivent aussi être
vendeuses, et donc refléter les qualités du produit vanté. Idem pour les
textes, et autres slogans… Les petites phrases font souvent mouche, même les
politiciens le savent.
Multiplier les concepts a peut-être un intérêt du côté des agences qui
présentent de tels services. Cela permettra de générer un buzz en leur
faveur, justement, grâce à un effet d’annonce, parfois joliment orchestré.
Côté client, par contre, les nouveautés rutilantes risquent de paraître, à
l’usage, plutôt décevantes.
L’un des points cruciaux négligé par nos concepteurs de buzz marketing, et
autres marketeurs high-tech, c’est la synergie nécessaire entre techniciens,
rédacteurs, graphistes… Bref une harmonie recréée par des créateurs aux
profils et aux compétences différentes. Autant de qualités à réunir pour un
objectif commun : celui de la création d’un concept publicitaire (parce que
ça reste avant tout de la pub), apte à gagner l’adhésion du public cible. Ce
qui se traduirait en augmentation des ventes. Bon an mal an, les agences
publicitaires qui réalisent nos spots télévisés, et nos campagnes
d’affichage urbain ont nettement progressé sur ce terrain. Elles sont aussi
plus anciennes sur le marché, ceci expliquant sans doute en partie cela.
Mais faire passer quelques mots, postés sur un blog pour une campagne de
buzz marketing révolutionnaire, c’est tromper le client sur la marchandise.
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