[02/06/2008 20:45:01] WASHINGTON (AFP) Le patron de la banque américaine Wachovia, Ken Thompson, a été débarqué lundi par son conseil d’administration, excédé par le parcours difficile de l’établissement depuis le début de la crise, comme déjà avant lui une longue série de dirigeants de banques. Le départ de M. Thompson après huit années à la tête de la banque de Charlotte (Caroline du nord) est un coup de théâtre, même s’il avait déjà cédé la présidence du conseil d’administration le 8 mai, pour se consacrer entièrement aux activités opérationnelles. Le conseil d’administration, qui l’a remplacé temporairement par son président, Lanty Smith, n’a pas fait mystère des raisons du départ du dirigeant historique, évoquant “une série de déceptions et déconvenues”. La quatrième banque américaine par la taille des actifs traverse une passe délicate depuis le début de la crise du “subprime”. Après avoir vu son bénéfice quasiment réduit à néant au quatrième trimestre 2007, l’établissement est passé dans le rouge au premier trimestre 2008, avec une perte de 708 millions de dollars. En un semestre, la banque a dû passer pour 4,3 milliards de dollars pour créances douteuses et 2,4 milliards de dépréciations d’actifs. Ces déconvenues l’ont contrainte à lever 11,5 milliards de dollars auprès d’investisseurs depuis le début d’année pour rassurer les marchés et respecter ses obligations réglementaires en matière de fonds propres. Outre la trop grande exposition de la banque aux titres financiers adossés à des crédits immobiliers, M. Thompson paie sans doute les derniers épisodes de la croissance du groupe, qui s’est construit par acquisitions et fusions successives, la plus marquante restant le mariage avec First Union en 2001. L’acquisition en mai 2006 de Golden West Financial, banque californienne spécialisée dans les prêts hypothécaires, pour 25,5 milliards de dollars, aura ainsi nettement augmenté son exposition à l’immobilier en général, et au marché californien en particulier. La Californie ayant été, avec la Floride et l’Ohio, l’un des Etats les plus violemment frappés par la crise du “subprime” et le retournement du marché immobilier, Wachovia a sans doute procédé à ce rachat au pire moment du cycle du crédit immobilier. La dégringolade de l’action Wachovia a été l’une des plus spectaculaires parmi les banques américaines, le titre abandonnant 56% sur l’année écoulée. En bourse, Wachovia vaut désormais deux fois moins que Wells Fargo, une banque connue pour sa grande prudence, qui est pourtant un quart plus petite en terme d’actifs. L’action a encore perdu 1,68% lundi, à 23,40 dollars. Même si Wachovia n’a annoncé aucune mauvaise nouvelle supplémentaire à l’occasion de l’éviction de M. Thompson, l’analyste Jaime Peters de Morningstar “suspecte que l’annonce de lundi pourrait être le signal avant-coureur d’un très mauvais deuxième trimestre” pour la banque, compte tenu “de la poursuite de la dégradation du marché immobilier en Californie et l’annonce de pertes plus importantes qu’attendu de la part de certaines de ses concurrentes”. Le départ de M. Thompson est le dernier en date au sein des grandes banques américaines. Depuis le début de la crise sont tombés le PDG de Merrill Lynch, Stan O’Neal, de Citigroup, Charles “Chuck” Prince, de Countrywide, Angelo Mozillo, et celui de Bear Stearns, James Cayne. Lundi, la banque Washington Mutual, autre institution sanctionnée par les marchés, a annoncé que son PDG Kerry Killinger allait abandonner ses fonctions de président du conseil d’administration. Ces départs ont été associés à une polémique récurrente sur le niveau de rémunération de ces grands patrons, parfois relativement déconnectées des performances de leurs établissements respectifs. Début mars, MM. Prince, O’Neal et Mozilo ont même dû venir s’expliquer sur le sujet devant une commission de la Chambre des représentants. |
||
|