[03/06/2008 16:55:09] LUXEMBOURG (AFP) Comme aux Etats-Unis, la hausse des prix de l’énergie relance le débat en Europe sur l’opportunité de taxer davantage les bénéfices des groupes pétroliers, pour aider les ménages les plus touchés par la flambée des tarifs de l’or noir. Plusieurs ministres européens des Finances se sont dits prêt mardi en marge d’une réunion à Luxembourg à discuter de cette idée, dans la perspective de prochain sommet des chefs d’Etat de l’UE les 19 et 20 juin. La question des moyens d’agir face au renchérissement spectaculaire des hydrocarbures devrait tenir une bonne place lors de cette réunion. Le sujet a été remis sur le tapis par le nouveau ministre italien des Finances Giulio Tremonti, qui a parlé d’une “taxe Robin des Bois” en référence au célèbre détrousseur des riches qui redonnait le produit de ses larcins aux pauvres. “Notre proposition est de taxer un peu plus les pétroliers pour donner un peu plus à ceux qui ont besoin de beurre, de pain et de pâtes, qui sont les vraies urgences du moment”, a dit M. Tremonti mardi à la presse, en insistant sur le fait qu’il s’agissait dans son esprit d’une initiative purement nationale à ce stade. “L’Italie peut et doit le faire seule”, a-t-il dit, ajoutant que “les gens qui ont faim ne peuvent attendre”. Cette taxe “sera appliquée à tous les pétroliers sans discrimination de nationalité”. Controversé, le sujet n’en a pas pour autant été rejeté d’un revers de main par ses collègues et la Commission européenne.
“C’est certainement une proposition intelligente, mais dont il faut bien mesurer et les effets et les mécanismes d’application, à l’aune pas seulement des super profits mais à l’aune des efforts d’investissement aussi”, a jugé la ministre française de l’Economie Christine Lagarde, à l’issue de la réunion de Luxembourg. Elle s’est montré toutefois prudente. “Ce que nous avons conclu tous ensemble, c’est qu’il fallait examiner toutes les pistes”, a-t-elle ajouté, “il faut regarder”, tout en étant “très attentifs à toute une série de facteurs, l’attractivité, la nécessité de l’investissement en exploration et en capacités de raffinage, dont on sait aujourd’hui qu’elles manquent cruellement”, a-t-elle ajouté. En parallèle, à Paris, le porte-parole du gouvernement français, Luc Chatel, a suggéré mardi que le géant pétrolier français Total finance une nouvelle hausse de prime pour le mazout à destination des foyers modestes, la “prime à la cuve”. Total a déjà contribué, à hauteur de 140 millions d’euros, au financement d’une première hausse de cette prime en janvier. Dans le débat européen actuel, la France privilégie pour sa part plutôt un plafonnement de la TVA sur les produits pétroliers, malgré un accueil plutôt froid de ses partenaires européens. Concernant l’idée italienne, le président de l’Eurogroupe (forum des ministres des Finances de la zone euro) Jean-Claude Juncker a quant à lui indiqué que c’était “une des possibilités qui ont été mentionnées au cours de notre réunion”. “Toutes les réflexions doivent être étudiées”, a-t-il dit. “Mais je ne dis pas non à cette idée, personnellement. C’est déjà beaucoup”, a-t-il précisé. Ce débat fait écho à celui mené sur le sujet au Etats-Unis, où la pression monte également en faveur d’une ponction spéciale sur les “majors” pétrolières, dont les bénéfices ne cessent de grimper avec la hausse des prix la pompe. L’idée favorisée par de nombreux parlementaires au Congrès serait de supprimer des rabais fiscaux notamment. Le favori à l’investiture démocrate pour l’élection présidentielle américaine de novembre, Barack Obama, s’est dit pour sa part favorable à une taxe sur les profits des compagnies pétrolières. |
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