Comment faire, quand on
est premier responsable d’un secteur qui bât de l’aile, pour éviter, à la
fois, de se réfugier dans une autosatisfaction aveugle –du reste
injustifiée-, ou de faire le procès de ceux qui vous ont précédé à ce poste
? C’est cette difficile équation que M. Khélil Laadjimi, ministre du
Tourisme, a essayé de résoudre lors du débat sur ce secteur, organisé mardi
3 juin 2008, à la Chambre des Députés. Un débat qui était, en quelque sorte,
le premier grand oral de ce jeune ministre, depuis qu’il est à ce poste.
Appelé début septembre 2007 au chevet de ce grand malade qu’est notre
tourisme, M. Laâjimi a, huit mois plus tard, livré son diagnostic aux
députés : «Il y a un recul dans la qualité de notre produit touristique,
surtout au niveau de sa composante hôtelière». Le ministre ne pouvait pas,
du reste, en dire moins, après que M. Fouad Mebazaa, président de la Chambre
des Députés ait donné le ton dans son speech introductif.
Tout en mettant en exergue «les résultats positifs enregistrés, et qui ont
permis au tourisme tunisien d’occuper une place en vue dans son
environnement régional et international», le «patron» des députés a souligne
le fait que «ce secteur a besoin de se développer davantage» pour pouvoir
«s’adapter aux exigences de la préservation de ses positions sur les marchés
traditionnels et de la nécessité d’en conquérir d’autres».
S’il a reconnu les problèmes en matière de qualité, le ministère n’est pas
allé jusqu’à faire siennes les multiples critiques formulées par les
députés. En particulier, il a refusé l’appréciation selon laquelle le
tourisme «qui a bénéficié d’efforts menés au détriment d’autres secteurs
comme l’agriculture, et a des résultats en deçà de ce qui était espéré». Une
idée qui a pourtant trouvé un écho dans la salle, puisqu’un autre député a
fait remarquer qu’«un pays frère réalise le double des recettes touristiques
de la Tunisie, avec un parc hôtelier équivalent à la moitié de celui de
notre pays».
De même, M. Laâjimi a rejeté ce véritable réquisitoire d’un député qui a
tiré à boulets rouges sur l’Office National du Tourisme Tunisien (ONTT)
accusé de confier les postes représentant à l’étranger «sans objectivité, à
des fonctionnaires parfois proches de la retraite, qui ne connaissent rien
au marketing, et, dans certains cas, ne parlent pas la langue du pays hôte,
dans le but, peut-être, de leur permettre d’améliorer leur situation
financière, alors que notre pays est riche en jeunes compétences sortant de
l’université».
Une attaque à laquelle le ministre a répondu en faisant remarquer que «le
tourisme c’est des échanges au quotidien» et qu’«un jeune sortant de
l’université a besoin de temps pour acquérir de l’expérience» requise pour
exercer des responsabilités de représentant.
Et pour éviter que le débat tourne au procès du tourisme, le ministre a axé
ses interventions sur les actions menées en vue d’en améliorer les
performances. Dont les plans visant à développer d’autres produits
–thalasso, golfe, tourisme culturel, etc.-, et la mise à niveau qui en est
encore à sa phase pilote et qui suscite déjà de l’engouement puisque, révèle
M. Laâjimi, pas moins de 200 dossiers ont déjà été soumis, dont près du
quart –soit l’équivalent de 25.000 lits- ont déjà été avalisés.
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