[05/06/2008 19:02:27] PARIS (AFP)
Le patron de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) Pascal Lamy tente de ranimer les négociations sur la libéralisation du commerce mondial, dans l’impasse depuis plus d’un an, alors que se tient jeudi à Paris une réunion informelle de l’Organisation. Il a appelé jeudi les pays membres à envoyer leurs négociateurs à Genève dans les deux prochaines semaines pour accélérer les discussions sur le volet agricole et surtout industriel du cycle de Doha, débuté en 2001. Il reste “peu de temps” pour un accord en juin mais “les négociations ont atteint un stade où (…) les ministres pourraient bientôt se rencontrer pour se mettre d’accord sur les modalités des dossiers agricoles et industriels”, a-t-il affirmé, sans toutefois mentionner de date. M. Lamy s’exprimait en marge de la réunion ministérielle annuelle de l’Organisation pour la coopération et le développement économiques (OCDE). Il devait rencontrer dans l’après-midi les ministres d’une trentaine de pays membres de l’OMC pour évoquer l’état des négociations. Sa tentative de relance intervient après un sérieux revers: lundi, le médiateur de la négociation sur les produits industriels à l’OMC, Don Stephenson, a suspendu sa mission, face à l’enlisement des tractations. La ministre française de l’Economie Christine Lagarde a d’ailleurs constaté que les négociations sur les produits industriels étaient “au point mort puisque le négociateur a cessé les travaux” et qu'”en matière agricole, l’addition n’y est pas”. Pascal Lamy souhaite une réunion ministérielle d’ici fin juin pour trouver un accord-cadre dans ces deux domaines et parvenir à boucler le cycle de Doha d’ici la fin de l’année, avant le changement d’administration aux Etats-Unis. Plusieurs pays et le commissaire européen au Commerce, Peter Mandelson, ont sonné l’alarme, faisant valoir que sans accord rapide, le cycle pourrait se solder par un échec. Si les négociations échouent, “nous le paierons cher pendant très longtemps” a averti M. Mandelson. “Nos options s’amenuisent” et le “calendrier américain joue contre nous”, a-t-il ajouté. La France et les Etats-Unis se sont montrés moins pressés de le conclure, Mme Lagarde faisant notamment valoir le risque de tenir trop rapidement une réunion “ministérielle qui échouerait”. D’après M. Mandelson, un accord “prend forme sur l’agriculture, il ne reste qu’un ou deux problèmes à régler, mais sur le plan industriel la négociation n’en est qu’à ses prémices”. Le ministre brésilien des relations extérieures, Celso Amorim, a lui jugé que les pays riches devaient être plus “réalistes” et reconnaître qu’ils demandent trop sans offrir assez. Gelées à l’été 2006, les négociations sur ce cycle ont repris début 2007 mais ont fait du quasi sur-place, alors qu’elles auraient dû aboutir fin 2004. Les pays riches, sous pression pour réduire subventions et droits de douane sur les produits agricoles, demandent aux pays émergents d’ouvrir davantage leur marché aux importations de produits manufacturés. Mais ces derniers cherchent à protéger leurs jeunes industries et veulent pouvoir protéger certains produits sensibles d’une baisse trop forte des droits de douane. Plusieurs pays dont la France jugent aussi ambiguë l’attitude des Etats-Unis dans ces négociations commerciales, notamment parce qu’ils viennent de voter une loi agricole (Farm Bill) jugée protectionniste. La représentante américaine au Commerce, Susan Schwab, a cependant tenu à assurer que le cycle de Doha resterait une priorité pour “les Républicains comme les Démocrates”, réputés moins favorables au libre-échange. |
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