Russie : le champion pétrolier Rosneft veut encore grandir

 
 
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ï Bogdantchikov, à Moscou, le 6 août 2008. (Photo : Dmitry Astakhov)

[05/06/2008 13:05:48] MOSCOU (AFP) Tous les indicateurs sont au vert pour le groupe pétrolier public Rosneft, devenu numéro un russe grâce aux actifs de feu son concurrent Ioukos et au soutien de l’Etat, et qui entend à présent se hisser dans le trio de tête mondial énergétique d’ici quelques années.

“Nous sommes certains qu’en 2020 tous (nos) indicateurs seront tels que nous pourrons prétendre à une place dans le trio de tête mondial pour tous les paramètres, y compris la capitalisation”, a déclaré son PDG Sergueï Bogdantchikov au quotidien Vedomosti paru jeudi.

Ces déclarations devraient amadouer ses actionnaires, justement réunis à Moscou pour la deuxième assemblée générale du groupe depuis son entrée en Bourse en 2006, alors que le parfum de scandale qui avait entouré l’opération à l’époque s’est largement dissipé.

Pour l’heure, Rosneft ne se classe qu’au douzième rang des compagnies pétro-gazières en Bourse, très loin des premiers de la classe que sont ExxonMobil, PetroChina et Gazprom, remarque le journal.

Mais il a dégagé l’an dernier près de 13 milliards de dollars de bénéfice net, et promis de produire 160 millions de tonnes de brut d’ici 2015, contre 100 millions cette année. M. Bogdantchikov a aussi fait miroiter une hausse du dividende après 2010 aux actionnaires (l’Etat détient 75% de Rosneft), dont certains se sont montrés frustrés de son montant actuel.

Certains d’entre eux ne se sont pourtant pas fait prier pour tresser des lauriers à Rosneft: ainsi Tony Hayward, patron de la major britannique BP, elle-même actionnaire de Rosneft, s’est félicité de ce que le groupe “fait tout ce qu’il avait promis de faire” à l’époque.

A en croire les analystes, ces compliments ne sont pas creux: Rosneft, qui pompe à lui seul 22% du pétrole russe, est actuellement l’un des chouchous des investisseurs du marché russe, qui se montrent convaincus que le groupe va en particulier pleinement bénéficier de la nouvelle donne politique en vigueur depuis l’entrée en fonctions du nouveau président Dmitri Medvedev.

Si ce dernier, auparavant président du conseil d’administration de Gazprom, a dû renoncer à ce poste, ce n’est pas le cas d’Igor Setchine, qui occupe toujours la même fonction chez Rosneft.

Et il a de plus été nommé au poste de vice-Premier ministre, chargé de l’Energie, de l’Industrie et des Ressources naturelles dans le gouvernement du nouveau Premier ministre Vladimir Poutine.

Le jusqu’ici très discret Setchine est déjà considéré par les analystes comme le principal instigateur de l’affaire Ioukos qui a permis à Rosneft de récupérer ses meilleurs actifs. Ces acquisitions ont toutefois laissé dans son portefeuille une dette de près de 30 milliards de dollars, selon l’agence de notation financière Standard and Poor’s.

Et les analystes n’excluent pas qu’il puisse aussi mettre la main sur une partie du groupe russo-britannique privé TNK-BP, troisième producteur du pays, et actuellement en pleine tourmente judiciaire, même si son rival Gazprom est généralement donné favori dans la bataille.

En attendant, Rosneft devrait aussi figurer au premier rang des bénéficiaires de la réforme fiscale que prépare Vladimir Poutine à l’intention des producteurs de pétrole. Le Premier ministre a fait de la relance de la production de pétrole russe, actuellement stagnante, une de ses priorités.

Les groupes pétroliers, qui qualifiaient de “punitif” le régime fiscal en vigueur, réclamaient depuis longtemps de telles mesures, condition nécessaire selon eux à la mise en exploitation des gisements les plus difficiles d’accès. Rosneft pour sa part a promis d’investir plus de 8 milliards de dollars cette année, dont les trois-quarts dans le secteur de la production.

 05/06/2008 13:05:48 – Â© 2008 AFP