Cybercrime : une “plate-forme de signalement” envisagée au niveau européen

 
 
photo_1212758684796-1-1.jpg
à Bruxelles (Photo : Dominique Faget)

[06/06/2008 13:35:03] REIMS (AFP) Pour mieux lutter contre le cybercrime au niveau européen, des experts policiers de plusieurs pays se sont accordés sur la nécessité de doter l’UE d’une “plate-forme de signalement”, qui serait installée au siège d’Europol à La Haye, lors d’un séminaire qui s’est achevé vendredi à Reims.

Ce forum réunissait des responsables policiers de 23 des pays de l’UE, ainsi que des observateurs canadiens, marocains, japonais et sénégalais.

Une “plate-forme de signalement” est “un point d’entrée unique des citoyens et des fournisseurs d’accès à internet pour y dénoncer tout fait, via le net, susceptible de constituer une infration aux lois”, a expliqué vendredi à l’AFP Gilles Leclair, inspecteur général de la police nationale, le responsable opérationnel de la police judiciaire française.

Plusieurs pays de l’UE disposent chacun d’un outil de ce type, mais il n’existe pas encore de structure internationale en ce domaine.

Dès lors, toute enquête menée dans un des Etats membres de l’Union est ignorée de ses partenaires alors qu’en réalité elle peut en concerner un autre menant parallèlement une enquête sur le même sujet.

Une plate-forme européenne doit permettre “à partir de recoupements, une analyse commune favorisant un résultat plus sûr et plus rapide”, commente M. Leclair.

“Il faut coordonner la lutte contre la cybercriminalité au niveau mondial”, a pour sa part affirmé à l’AFP une source proche de la Commission européenne, qui a observé: “La première barrière, c’est l’absence d’information (inter-Etats), il faut la lever”.

La commission européenne y est favorable, comme en témoigne sa communication du 22 mai 2007: “l’échange d’informations est l’une des priorités dans la lutte contre la cybercriminalité”, tandis qu’une réunion d’experts des 27 se concluait en novembre dernier, par “le besoin d’accentuer la coopération”.

La même source estimait, vendredi, que le projet pouvait aboutir “si les Etats membres se décident à octroyer ce rôle à Europol”, et à la condition que chacune des plates-formes nationales soit bâtie de manière à “être compatible” avec les autres.

C’était l’un des thèmes du séminaire de Reims, et ses participants sont convenus de cette nécessité.

“Il s’agissait d’établir un bilan des systèmes existants” et de promouvoir “une charte appelant les Etats membres à mettre en commun” des systèmes identiques, a relevé le commissaire divisionnaire Christian Aghroum, chef de l’Office central de lutte contre la criminalité liée aux technologies de l’information et de la communication (OCLCTIC).

Jean-Eric Lacour, un des responsables du Service de coopération technique internationale de police (SCTIP), a précisé que ce sujet serait au centre “des travaux de la première réunion sous présidence française du +Groupe de coopération policière+ (CoPol) de l’UE, les 1er et 2 juillet prochain”.

La réunion suivante, les 14 et 15 septembre, devrait permettre de présenter un projet “au +Comité des représentants permanents+ de l’UE (CoRePer), afin qu’il soit examiné par le conseil Justice-Affaires intérieures (JAI) en novembre” à Bruxelles.

Au Conseil européen marquant la fin de la présidence française de l’UE, celle-ci y défendra la nécessité d'”une approche interétatique, tant une réponse isolée de nos démocraties n’aurait pas de sens contre des réseaux par nature sans frontières”, avait affirmé mardi, dans un message lu à l’ouverture du séminaire de Reims, la ministre de l’Intérieur Michèle Alliot-Marie.

 06/06/2008 13:35:03 – Â© 2008 AFP