[07/06/2008 09:09:49] PARIS (AFP) “Trop chers”, “trop compliqués”: un an après l’ouverture du TGV Est, les tarifs de la SNCF suscitent toujours la grogne des usagers de l’entreprise publique, qui veut remplir ses trains au maximum pour les rentabiliser et se défend d’augmenter ses prix. 1ère classe, 2ème, Loisirs, Pro, iDTGV, Prem’s, “Bons plans du net”: l’usager doit jongler entre une quantité impressionnante de tarifs et promos différentes pour payer son voyage au meilleur prix, sans compter les cartes commerciales (12-25, Senior etc…). Ainsi, pour faire Paris-Marseille en s’y prenant le 27 mai pour voyager le 31 mai, c’est 34 euros en partant à 20H16 (“Bons plan du net”) mais 133,10 euros (Loisir) à 8H16. “C’est ubuesque, les consommateurs ne s’y retrouvent pas”, lance Thierry Saniez, délégué général de l’association de consommateurs CLCV, qui dit recevoir davantage de plaintes d’usagers à ce sujet depuis quelques mois. L’ouverture du TGV Est il y a un an, avec des tarifs plus chers que les Corail, puis la mise en place en octobre d’une nouvelle grille tarifaire durcissant les conditions d’échange ont amplifié la grogne d’usagers qui s’estiment perdus, sinon lésés. Pour la SNCF, l’objectif est clair : remplir les trains au maximum à coups de promotions et de tarifs modulés selon l’heure et la disponibilité, une méthode marketing (“yield management”) chère aux compagnies aériennes que la SNCF a introduite il y a déjà plusieurs années. Ainsi, toujours pour un Paris-Marseille pris sur internet: le 26 mai vers midi pour voyager le 30, on se voit proposer le train de 20H42 à 51 euros. Mais mardi 27 vers 16 heures: le même trajet est passé à 78,20 euros. Régulièrement, la Fédération nationale des usagers des transports (Fnaut) dénonce une “jungle tarifaire” et demande une “simplification”. Pour plusieurs associations de consommateurs et certains syndicats de cheminots, cette complexité servirait aussi à dissimuler une hausse globale des tarifs, ce dont la SNCF se défend. Jean Sivardière, de la Fnaut, parle de “hausses insidieuses”. Pour Arnaud de Blauwe, rédacteur en chef adjoint de Que Choisir, “le prix des billets a très très sensiblement augmenté”. Mais selon Mireille Faugère, directrice de Voyageurs France Europe (VFE, les grandes lignes), “l’impression de cherté provient de ceux qui voyagent le moins”. Pourtant, Agnès Bertrand, consultante à Paris et abonnée Fréquence, se demande bien pourquoi son Paris-Agen de 14H10 le 18 septembre 2007 lui a coûté 55,50 euros mais 57,50 le 18 décembre… Réponse de la SNCF: le prix moyen du billet TGV, 42 euros, n’a augmenté que de 2% en 2008, moins que l’inflation. Mais en 2009, l’entreprise a déjà prévenu: la hausse sera “supérieure” à cause des péages ferroviaires. L’Insee calcule un chiffre comparable: entre avril 2007 et avril 2008, l’indice des prix à la consommation pour le transport ferroviaire de voyageurs montre une hausse de 2,3%. Pourtant, d’après un document interne dont l’AFP a obtenu copie, à fin 2007, les recettes de VFE avaient crû de 6,7% (plus de 5 milliards d’euros) soit beaucoup plus vite que le trafic, qui n’a augmenté que de 2% (à 53,1 milliards de voyageurs-km). D’après la SNCF, la hausse plus rapide des recettes s’explique par la montée en charge des lignes internationales (vers l’Est et grâce à la nouvelle ligne à grande vitesse britannique) qui comptent en général davantage de passagers de première classe. |
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