[07/06/2008 13:34:55] BORDEAUX (AFP) Les professionnels du vin soulignent l’urgence d’un cadre législatif, promis la semaine dernière par le ministère de l’Agriculture, pour clarifier la communication et la vente de vin sur internet, alors que l’impact du web n’a plus rien de virtuel pour la filière. “Cet outil est un vecteur de communication sans pareil. Ce serait néfaste au développement du commerce de la viticulture de ne pouvoir l’utiliser”, s’exclame Alain Vironneau, président du Conseil interprofessionnel du vin de Bordeaux (CIVB). A l’image de la quasi-totalité des professionnels du vin, il réclame un “aménagement” de la loi Evin qui, depuis 1991, encadre strictement la publicité pour les boissons alcoolisées. Une loi qui ne cite pas internet parmi les supports de communication autorisés puisqu’elle fut votée à une date où le web n’avait pas encore tissé sa toile. L’absence de réglementation n’a certes pas empêché le vin de se répandre sur internet – avec les châteaux, les négociants et vendeurs en ligne, les syndicats ou les simples amateurs sur leurs blogs -. Une présence grandissante mais pas toujours légale comme l’a rappelé la cour d’appel de Paris, en février, en contraignant le brasseur Heineken à fermer son site français. “La réglementation est floue voire aberrante. Si on suit les textes de loi tels qu’ils ont été interprétés par certains tribunaux, on peut considérer qu’il ne faudrait pas communiquer du tout sur le vin et fermer tous les sites”, soupire Allan Sichel, président du syndicat des négociants de Bordeaux. “Personne n’a pris cette option. Tout le monde continue de diffuser ses messages. On n’a pas donné de consigne. On mise sur la responsabilisation de tous les acteurs et chacun fait en son âme et conscience”, ajoute-t-il. Un “flou” également ressenti par les professionnels interrogés par l’AFP. Le CIVB explique ainsi avoir recours à “une armée de juristes” avant de lancer ses campagnes de promotion de ses vins. Patrick Bernard, patron de la société de vente de grands crus par correspondance Millesima, qui touche “75 à 80% de ses nouveaux clients français par internet”, constate une “zone de non-droit”. “Le commerce du vin n’a jamais été interdit. La difficulté est qu’on interdit la publicité, mais où commence la publicité et où s’arrête l’offre?”, s’interroge-t-il. Dans le doute, faisant valoir une “pratique de précaution”, la régie publicitaire de Microsoft France a quant à elle suspendu depuis le 30 mai les campagnes de ses annonceurs concernant les boissons alcoolisées. Ce contexte explique pourquoi la demande d’une “remise à jour” de la loi Evin, relayée notamment par l’association Vin et société, qui regroupe l’ensemble de la filière viticole, se fait de plus en plus pressante. Marie-Christine Tarby, la présidente de cette association, se félicite d’avoir obtenu “in extremis”, la semaine dernière, la promesse d’un texte législatif de la part du ministre de l’Agriculture Michel Barnier. Un texte qui, selon elle, devrait permettre de “définir également ce qu’est la publicité”. Un groupe de travail doit prochainement préparer le terrain législatif, selon le sénateur de Gironde, Gérard César. Auteur d’une proposition de loi sur le sujet, le parlementaire UMP juge “anormal que les viticulteurs ne puissent pas communiquer et vendre leurs produits sur internet au moment où le ministre présente un plan de modernisation de la filière”. |
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