[08/06/2008 17:52:32] SAINT-PETERSBOURG (Russie) (AFP)
La crise entre Russes et Britanniques autour du groupe pétrolier TNK-BP paraissait dans l’impasse dimanche, alors que l’affaire fait de plus en plus figure de test de la volonté du nouveau pouvoir politique russe d’améliorer le climat d’investissement. TNK-BP est en pleine tourmente en raison d’un grave conflit entre ses actionnaires autour de sa stratégie à l’étranger, qui a éclaté au grand jour il y a deux semaines après plusieurs mois de tensions feutrées. Aucun dénouement ne semble en vue en dépit de la présence simultanée au Forum de Saint-Pétersbourg de presque tous ses protagonistes, et d’annonces antérieures par l’un d’entre eux qu’une issue était une question de “jours”. Du moins le gouvernement russe a-t-il donné une indication précieuse dimanche, en faisant savoir par la voix de l’un de ses hauts responsables qu’il ne jugeait “pas souhaitable” que le géant semi-public Gazprom entre au capital de TNK-BP. “Ces conversations autour d’une entrée de Gazprom (constituent) le plus mauvais scénario”, a déclaré cette source à des journalistes en marge du Forum. “Nous n’avons pas envie de nous en mêler”, a pour sa part affirmé le conseiller du président russe Dmitri Medvedev, Arkadi Dvorkovitch, lors d’un point de presse en marge du Forum. “Les actionnaires ont la possibilité de régler tous leurs problèmes eux-mêmes”, a-t-il ajouté, tout en admettant que le gouvernement entretenait un “dialogue” avec les intéressés. Le groupe, troisième du pays en termes de production de brut, est détenu à égalité par la major britannique BP d’une part et trois milliardaires russes d’autre part, Viktor Vekselberg, Mikhaïl Fridman et Len Blavatnik. Ces derniers réclament notamment la démission du patron de TNK-BP, Robert Dudley, qu’ils accusent de partialité en faveur de BP. Le scandale tombe plutôt mal pour Dmitri Medvedev, entré en fonctions il y a à peine un mois, et qui a promis de renforcer l’Etat de droit et de favoriser les investissements étrangers dans le pays, ainsi qu’il l’a d’ailleurs répété samedi lors d’une rencontre avec de grands patrons étrangers. Le conflit, qui s’accompagne pour TNK-BP d’une avalanche de tracas judiciaires, a suscité de nombreuses conjectures sur une entrée d’un groupe public russe à son capital, la piste la plus couramment évoquée étant celle d’un rachat par Gazprom de 50% du groupe. Le nom du groupe pétrolier Rosneft a également été avancé. Samedi, le PDG de TNK-BP Robert Dudley a toutefois affirmé “n’avoir aucune indication d’une vente de la part d’aucun actionnaire”, tandis que le patron de BP Tony Hayward s’est seulement dit “confiant” qu’une issue serait trouvée. Certains investisseurs ont profité du Forum, auquel assistent plusieurs milliers d’hommes d’affaires russes et étrangers, pour exprimer leur inquiétude face à cette affaire, qui à certains égards rappelle l’entrée en force de l’Etat russe dans le projet pétrolier Sakhaline 2 il y a deux ans, aux dépens de trois entreprises étrangères, dont le groupe Shell. Le secrétaire américain au Commerce, Carlos Gutierrez, a déclaré samedi que les entreprises et le reste du monde regarderaient de près “la façon dont le problème sera traité (…). La communauté internationale souhaiterait voir un règlement transparent”. D’autres hommes d’affaires ont exprimé des opinions similaires. Robert Dudley a lui aussi profité du Forum pour défendre son groupe, affirmant que “l’actionnariat de TNK-BP est unique dans ce secteur. (…) A mon avis cette structure d’actionnariat est bonne”. Mais la source gouvernementale n’était pas du tout du même avis: “On les avait prévenus” que ce partage moitié-moitié “pourrait poser problème”, a-t-elle dit. |
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