[09/06/2008 12:39:10] PARIS (AFP) Le groupe pétrolier Total, qui a continué en 2007 à engranger des bénéfices colossaux, est soumis à la pression des responsables politiques, de gauche comme de droite, pour contribuer à alléger la facture des Français touchés par l’envolée des prix du carburant. La flambée des prix des carburants, dans le sillage de ceux du pétrole brut, alourdit la facture des automobilistes et suscite la colère de plusieurs professions en France, comme les routiers, les pêcheurs et les agriculteurs. La ministre de l’Economie, Christine Lagarde, recevait lundi après-midi le patron de Total, Christophe de Margerie, ainsi que des représentants de l’Union française des industries pétrolières. Un point de presse était prévu à 18H00. M. de Margerie s’était dit mercredi prêt à étudier une nouvelle contribution de son groupe au financement de la prime à la cuve de fioul, destinée aux foyers modestes. Premier distributeur de carburants en France, Total a déjà contribué, à hauteur de 140 millions d’euros, au financement d’une première hausse de cette prime en janvier, passée de 75 à 150 euros. Une nouvelle contribution, si la prime passait de 150 à 200 euros, représenterait entre 140 et 200 millions d’euros, selon le porte-parole du gouvernement Luc Chatel. Les pressions se sont multipliées au cours du week-end. La socialiste Ségolène Royal, a estimé samedi que les “profits” de Total étaient “un bien collectif” qui devaient être “prélevés” en faveur des énergies renouvelables. Pour Bertrand Delanoë, qui repousse toujours sa déclaration de candidature à la tête du PS, les dirigeant de Total “se goinfrent” et il faut les “taxer” davantage. Lundi, l’UMP a accusé les deux responsables socialistes de “démagogie” et de “populisme”, en pointant le risque que Total transfère son siège hors de France. Mais le secrétaire d’Etat aux Transports, Dominique Bussereau, avait appelé dimanche le groupe à faire preuve de “solidarité”. La semaine dernière, plusieurs pays européens s’étaient dits prêts à examiner l’idée d’un taxation spécifique des compagnies pétrolières. Mais “il faut bien mesurer les effets et les mécanismes d’application, à l’aune pas seulement des super profits mais aussi des efforts d’investissement”, avait tempéré la ministre française de l’Economie, Christine Lagarde. Grâce à la flambée des prix du pétrole, Total a dégagé en 2007 le plus gros bénéfice de toutes les entreprises françaises, à plus de 12 milliards d’euros, bien qu’en léger repli par rapport à 2006. L’association de consommateurs UFC Que Choisir a réclamé une “contribution citoyenne” des pétroliers aux énergies renouvelables et aux transports publics. “Le plus choquant, ce ne sont pas les profits eux-mêmes, mais leur utilisation” quand Total rachète pour 1,7 milliard d’euros de ses propres actions et augmente de 11% les dividendes de ses actionnaires, estime le député PS Jérôme Cahuzac. Chez Total, on rappelle que “95% des bénéfices sont réalisés à l’étranger” et que le groupe “paie des impôts dans tous les pays où il travaille”. Pour Jean-Louis Schilansky, délégué général de l’Ufip, taxer davantage Total serait “un mauvais signal pour les investissements dont on a besoin pour aller chercher du pétrole”. Total va augmenter de 19% ses investissements en 2008, à 19 milliards de dollars, pour compenser surtout l’inflation des coûts du fait que les projets d’extraction sont de plus en plus lointains et techniquement difficiles. |
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