Trichet maintient ses propos : la hausse de taux “pas certaine mais possible”

 
 

[09/06/2008 18:45:12] PARIS (AFP) Le président de la Banque centrale européenne (BCE), Jean-Claude Trichet, a “maintenu” lundi ses propos de jeudi sur une éventuelle hausse de taux en juillet, qui ont entraîné un bond de dix dollars du baril de brut, affirmant qu’elle n’était “pas certaine mais possible”.

“Je n’ajoute rien ni ne retire rien, je maintiens ce que j’ai dit sur le fait que nous pouvions augmenter les taux d’intérêt par rapport à leur niveau présent”, et qu’une “légère” hausse n’était “pas certaine mais possible” en juillet, a-t-il dit lors d’une conférence de l’Académie diplomatique internationale.

“Ce que nous avons dit vise la stabilité des prix”, et protège “les plus pauvres, qui sont les plus vulnérables” à la hausse des prix, a-t-il ajouté.

Une annonce aussi directe a surpris les marchés et, combinée à de mauvais chiffres du chômage américain vendredi, a entraîné un net rebond de l’euro, et surtout une envolée de 16 dollars du cours du brut en deux séances.

Le chef du gouvernement espagnol, José Luis Rodriguez Zapatero, a recommandé samedi à M. Trichet de tenir “des propos plus prudents”, tandis qu’un porte-parole du gouvernement allemand a dit lundi, à l’inverse, n’avoir “aucune critique à faire à la Banque centrale européenne”.

A propos des critiques espagnoles, M. Trichet a simplement répété que la BCE “tenait férocement” à son indépendance, nécessaire à la stabilité des anticipations d’inflation.

A la question de savoir si la crise financière touchait à sa fin, M. Trichet a répondu que “nous vivons une correction de marchés qui se poursuit”.

“Des deux côtés de l’Atlantique”, les banques centrales ont montré qu’elles étaient “capables de prendre des décisions qui ont de l’impact de façon très rapide”, ce qui devrait être “un élément de confiance” pour les opérateurs de marché, a-t-il ajouté.

Interrogé sur les propos la semaine dernière du gouverneur de la Réserve fédérale américaine, Ben Bernanke, s’inquiétant du faible niveau du dollar, M. Trichet s’est contenté de répondre qu’il notait toujours “avec une attention immense” ce que dit M. Bernanke.

Par ailleurs, M. Trichet a refusé de se prononcer sur le rôle de la faiblesse du dollar dans la récente flambée du pétrole. Il a en revanche souligné qu’il n’y avait “absolument aucun doute sur le fait que l’offre et surtout le manque d’offre” pétrolière y contribuaient.

“C’est pour cela nous appelons tous les partenaires, chez les consommateurs comme les producteurs, à prendre leurs responsabilités” pour conjurer cette hausse, a-t-il ajouté.

En reférence à l’envolée des cours du brut, M. Trichet a répété que “dans une période de succession de chocs dans le domaine des matières premières et de l’alimentation, il (était) important d’avoir des anticipations solidement ancrées”, manière de justifier l’éventualité d’une hausse de taux juillet.

“Il ne faut pas oublier les leçons du premier choc pétrolier”, et “si des erreurs politiques sont commises”, “alors la punition peut être très dure”, rappelant que “dans de nombreux pays, le chômage de masse avait commencé avec le choc pétrolier” de 1973.

 09/06/2008 18:45:12 – Â© 2008 AFP