Gazprom affiche de fortes ambitions et vise partout la 1ère place du podium

 
 
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éant gazier russe Gazprom, Alexeï Miller, le 10 juin 2008 à Deauville (Photo : Kenzo Tribouillard)

[10/06/2008 13:50:11] DEAUVILLE (AFP) Le patron du géant gazier russe Gazprom, Alexeï Miller, a affiché mardi de fortes ambitions pour son groupe, qu’il voit partout en tête, numéro un des entreprises mondiales d’ici huit ans, et premier opérateur gazier en France.

Pour y parvenir, le producteur de gaz et de pétrole devrait notamment bénéficier de la flambée des prix des hydrocarbures, avec un baril de pétrole qui pourrait s’élever jusqu’à 250 dollars, a prédit M. Miller.

Lors d’un rare entretien avec la presse étrangère, en marge d’une rencontre d’hommes d’affaires à Deauville, en France (ouest), le président de Gazprom a assuré que son groupe serait numéro un mondial de toutes les entreprises, y compris non énergétiques, “dans sept ou huit ans”.

A cette date, “la capitalisation (boursière de Gazprom ndlr) atteindra le seuil de 1.000 milliards de dollars”, contre 343 milliards actuellement, a précisé M. Miller.

Gazprom est déjà premier producteur mondial de gaz et, selon M. Miller, première société énergétique “en terme de ressources” d’hydrocarbures.

Le patron de Gazprom a pronostiqué une flambée durable des prix du pétrole, qui ont déjà battu tous les records ces derniers mois.

“Maintenant, le prix va atteindre un niveau jamais atteint. La perspective sera de 250 dollars par baril de pétrole”, a estimé M. Miller.

“La compétition pour (cette) ressource sera plus forte”, a-t-il expliqué, alors que certains opérateurs prédisent que la production de pétrole atteindra un plateau dès avant 2020.

M. Miller a cependant jugé que la spéculation, accusée par des membres de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) de favoriser l’envolée des prix, n’avait pas d’influence “décisive” sur les marchés.

Les prix du gaz, indexés sur ceux de l’or noir, pourraient eux-aussi augmenter. M. Miller a indiqué que son groupe vendait son gaz à l’Europe actuellement à 410 dollars les 1.000 mètres cubes, et non à 400 dollars comme anticipé en mars.

Le président de Gazprom entend miser aussi sur le marché intérieur russe, qui va devenir “prioritaire” par rapport au marché des exportations, ainsi que sur ses actifs pétroliers.

Gazprom entend “consolider” les sociétés pétrolières acquises afin de produire “jusqu’à 100 millions de tonnes de pétrole par an” à partir de 2020.

A cet égard le directeur général à l’export du groupe, Alexander Medvedev, n’a pas exclu que Gazprom entre au capital du groupe pétrolier russo-britannique TNK-BP, dont les actionnaires sont en grave conflit depuis plusieurs mois.

Gazprom ne veut toutefois envisager l’achat d’actions TNK-BP qu'”après” le règlement de ces dissensions.

TNK-BP est détenu à égalité par la major britannique BP d’une part et trois milliardaires russes d’autre part. Ces derniers réclament la démission du patron de TNK-BP, Robert Dudley, qu’ils accusent de partialité en faveur de BP.

L’entrée de Gazprom dans TNK-BP permettrait à l’Etat russe de mettre la main sur de vastes ressources pétrolières. TNK-BP est le troisième producteur de pétrole brut en Russie.

Gazprom entend aussi devenir “l’opérateur énergétique de référence” du marché français, dont il ne contrôle aujourd’hui qu’1%.

L’un des dirigeants de Gaz de France, premier opérateur aujourd’hui en France, Jean-Marie Dauger, n’y “voit pas une menace” car pour lui Gazprom est à la fois “un concurrent et un partenaire”.

Le contrat qui lie GDF à Gazprom, et qui a été renouvelé en 2006, illustre bien cette interdépendance: Gazprom livre jusqu’en 2030 12 milliards de mètres cubes de gaz par an à GDF qui, en échange, rétrocède à Gazprom 1,5 milliard de m3 pour alimenter la filiale de distribution de Gazprom en France.

 10/06/2008 13:50:11 – Â© 2008 AFP