[11/06/2008 05:36:14] MADRID (AFP)
Le mouvement de grève des routiers espagnols et portugais qui réclament des aides gouvernementales pour compenser la flambée des prix du gazole, a été endeuillé mardi par la mort de deux grévistes renversés par des véhicules à des piquets de grève. Un chauffeur routier espagnol a été tué mardi en fin d’après-midi à Grenade (sud) à l’entrée du marché de gros, où il participait à un piquet de grève, après avoir été renversé par une fourgonnette, a indiqué la garde civile. Le gréviste s’était approché de la camionnette pour expliquer à son chauffeur les motifs de la grève lorsque l’accident s’est produit, selon la radio privée Cadena Ser. Les représentants des routiers ont suspendu leur négociations avec le gouvernement en fin d’après-midi après l’annonce de ce décès. Un routier portugais de 52 ans, a été tué dans des circonstances analogues alors qu’il tentait d’arrêter un poids lourd à un barrage filtrant près d’Alcanena, à environ 100 km au nord de Lisbonne.
“Le camion lui est passé dessus. C’est un meurtre”, a affirmé à l’agence Lusa le responsable du barrage Manuel Agostinho. Selon un porte-parole de la Garde nationale républicaine (GNR), la victime se serait suspendue au camion, qui ne s’est pas arrêté, et aurait fini par tomber sous les roues du poids lourd. En Espagne, la “grève illimitée” engagée par la deuxième organisation des patrons routiers, Fenadismer, a provoqué des dizaines de kilomètres d’embouteillages pour le deuxième jour consécutif, en particulier autour de Madrid, Barcelone, Séville (sud) en raison d’opérations escargot. Des barrages filtrants de routiers français et espagnols empêchaient toujours la circulation des poids lourds aux deux principaux points de passage avec la France, en Catalogne au col du Perthus, et au Pays Basque à Biriatou. Ce mouvement a fait sentir ses premiers effets dans les stations services, sur les marchés de gros et dans certaines usines du pays. Les arrivages de produits frais ont pratiquement cessé à Mercamadrid, le plus important marché de gros espagnol ainsi qu’à celui de Barcelone (nord-est), la deuxième ville du pays. Les usines automobiles, notamment celle de Seat près de Barcelone, commencent également à souffrir de la grève alors que ce secteur fonctionne avec très peu de stocks de pièces détachées. “Trois ou quatre sites” de production sont touchés pour l’instant et si le mouvement continue “les problèmes seront généralisés demain (mercredi) dans toutes les usines”, a prévenu un porte-parole de l’Association espagnole de fabricants d’automobiles et camions (Anfac).
En Catalogne (nord-est), où 40% des stations services étaient à court de carburant lundi, des mesures d’urgence ont été prises pour éviter des pénuries d’essence, avec des escortes policières autour des camions citernes pour décourager l’intervention de grévistes. La Fenadismer qui réclame l’instauration d’un tarif plancher du gazole pour le transport de marchandises, a maintenu mardi soir son appel à la grève, jugeant toujours insuffisantes les aides proposées par le gouvernement. Au Portugal, les routiers ont décidé de poursuivre la grève et de continuer à mettre en place des barrages filtrants, “jusqu’à ce que nos revendications soient satisfaites”, a déclaré Silvino Lopes, porte-parole des organisateurs du mouvement. Les transporteurs portugais réclament un “gazole professionnel” avec des taxes abaissées, et un alignement des prix des carburants sur ceux, moins chers, pratiqués en Espagne. Par ailleurs, des manifestations sporadiques de camionneurs ont eu lieu mardi en France et Grande-Bretagne et les routiers belges ont annoncé une manifestation à Bruxelles le mercredi 18 juin. Parallèlement une grève illimitée de pêcheurs espagnols entamée le 30 mai se poursuivait dans la quasi-indifférence. |
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