[11/06/2008 13:24:24] PARIS (AFP)
L’inflation a atteint 3,3% sur un an en mai en France, un niveau inégalé depuis juillet 1991, sous l’effet de la flambée des cours du pétrole et de l’alimentation qui pèse toujours un peu plus sur le pouvoir d’achat des Français. “Sur un an, les augmentations de prix demeurent assez spectaculaires dans l’alimentation (5,7%) et surtout dans l’énergie (15,4%). Au bout du compte, le renchérissement des cours des matières premières explique les deux tiers de l’inflation française”, souligne l’économiste Nicolas Bouzou (Asterès). “Le problème, c’est qu’il s’agit des produits que les Français achètent le plus souvent. Ce sont donc ces biens là qui déterminent leurs comportements de consommation”, note Alexander Law (Xerfi), qui s’inquiète lui aussi de la baisse prévisible dans les prochains mois de la consommation des ménages, principal moteur de la croissance française. Il note une augmentation “sensible” (+0,5%) sur un mois. Entre avril et mai, les prix de l’énergie ont bondi de 4,2%, sous l’effet de la hausse du gaz de ville (+6,1% en mai, +10,9% sur un an) et de celle des produits pétroliers (+5,4% en mai, +22,4% sur un an). Les seuls carburants enregistrent une hausse de 4,8% en mai et de 17,9% sur un an. L’indice des prix de l’alimentation a augmenté de son côté de 1,0% en mai, soit une hausse de 5,7% sur un an. Pour les seuls produits frais, la hausse est de 5,9% en mai par rapport à avril et de 4,0% par rapport à mai 2007. Hors produits frais, les prix de l’alimentation gagnent seulement 0,2% mais ils bondissent de 6,1% par rapport à mai 2007. Sur les autres postes de consommation, moins sujets aux fluctuations que les produits de première nécessité, l’inflation reste modérée.
Mais de nombreux économistes estiment qu’il faudra encore attendre plusieurs mois, au moins jusqu’à la fin de l’été, pour que les prix commencent à s’assagir. “Etant donné la poursuite des tensions et l’incertitude sur les marchés des matières premières, il est désormais difficile de dire que le pic d’inflation est passé. Au contraire, les prix pourraient encore accélérer au cours de l’année”, s’inquiète Mathieu Kaiser, économiste chez BNP Paribas. Selon lui, l’inflation atteindrait 3,3% en moyenne en 2008, alors que les dernières prévisions du gouvernement tablent sur une hausse de 2,2%. Pour les économistes, les conséquences négatives de l’inflation sur la consommation sont sensibles (recul de la consommation en produits manufacturés en janvier, mars et avril) et devraient perdurer jusqu’à l’accalmie, les ménages réduisant ou repoussant les achats qui ne sont pas indispensables. Malgré une première revalorisation du Smic en mai, et une seconde attendue au 1er juillet, l’évolution des salaires ne suffira pas à compenser la hausse des prix et “il est plus que vraisemblable que le pouvoir d’achat lié aux revenus d’activité recule au deuxième trimestre”, relève Alexander Law. Sur l’ensemble de 2007, le pouvoir d’achat a progressé de 3,3%, mais l’inflation n’était alors que de 1,5% en moyenne sur l’année. Selon l’Insee, le pouvoir d’achat des ménages devrait quasiment stagner au premier semestre 2008 et il pourrait même régresser pour les plus pauvres. “Le pouvoir d’achat n’est pas seulement un problème d’inflation”, estime pour sa part l’économiste Marc Touati (Global Equities), pour qui “une inflation autour de 3% n’a jamais tué personne”. “Le fléau qui nous menace le plus aujourd’hui ne réside pas dans l’inflation mais dans la faiblesse de la croissance et de l’emploi”, estime-t-il. |
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