Le carburant cher menace des compagnies aériennes asiatiques de faillite

 
 
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érienne Qantas à l’aéroport de Sydney (Photo : Greg Wood)

[11/06/2008 08:34:14] SINGAPOUR (AFP) Le prix record du carburant constitue la plus importante menace depuis la crise du SRAS pour les compagnies aériennes asiatiques, dont certaines pourraient cesser de voler si la facture de kérosène ne se réduit pas, estiment des analystes.

Le baril de pétrole, qui vole de record en record, a pris près de 40 dollars depuis le début de l’année, frôlant 140 dollars vendredi, avant de se replier. Une progression vertigineuse à laquelle les compagnies aériennes asiatiques ne sont pas préparées, selon les analystes.

“Peu de compagnies régionales ont réagi, selon nous, de façon adéquate et suffisamment agressive à ce choc pétrolier”, considère Shukor Yusof, spécialiste du secteur de l’aviation chez Standard and Poor’s.

Si les prix continuent à grimper et atteignent, voire dépassent le niveau des 150 dollars, ce que de nombreux experts prévoient à court terme, “on peut s’attendre à voir des compagnies asiatiques clouées au sol et faire faillite”, ajoute-t-il.

Pour Derek Sabudin, du Centre de l’aviation Asie-Pacifique (CAPA) de Sydney, aucune compagnie “ne sortira indemne de la crise”, la pire que connaisse la région depuis la crise du SRAS de 2002/2003.

Cette maladie respiratoire, apparue dans le sud de la Chine, à l’origine de la mort de 800 personnes dans 32 pays, avait entraîné une forte baisse du trafic pour les transporteurs aériens asiatiques et plongé dans le rouge d’importantes compagnies comme Japan Airlines, China Airlines et Singapore Airlines.

Si le prix du pétrole reste au-dessus 120 dollars “pendant le pic de la saison d’été, des compagnies, les plus faibles, vont disparaître du marché et de plus grosses vont voir leur taille diminuer”, prévoit M. Sabudin.

Début juin, l’Association internationale du transport aérien (IATA) a révisé ses prévisions pour 2008, tablant désormais sur une perte de 2,3 milliards de dollars.

En avril, l’IATA escomptait encore un bénéfice de 4,5 milliards de dollars pour cette année, après 5,6 milliards de dollars de bénéfices en 2007, les premiers depuis l’an 2000.

Selon l’association, la facture en kérosène de l’ensemble des compagnies va atteindre 176 milliards de dollars en 2008, une estimation basée sur un baril à 106,50 dollars, représentant 34% de leurs coûts d’exploitation.

Plusieurs compagnies asiatiques ont déjà pris des mesures pour réagir à ce nouveau choc pétrolier.

La semaine dernière, la compagnie australienne Qantas annonçait qu’elle supprimait trois vols hebdomadaires entre Melbourne et Tokyo, réduisait le nombre de ses liaisons hebdomadaires entre Sydney et Tokyo et supprimait la liaison effectuée par sa filiale low-cost, Jetstar, entre Cairns et Nagoya via Osaka.

Qantas avait déjà annoncé fin mai sa décision de réduire de 5% ses vols domestiques.

Vendredi, la compagnie Thai Airways annonçait qu’elle annulait, à partir du 1er juillet, ses vols directs Bangkok-New York et vendait ses quatre avions Airbus utilisés sur ce trajet. Malaysia Airlines prévoit de son côté de geler les embauches et de réduire ses dessertes.

Si certains analystes jugent les compagnies low-cost les plus vulnérables, Tiger Ariways et AirAsia, deux des leaders régionaux, se montrent confiantes. Si “les bénéfices vont être affectés”, admet Tony Fernandes, directeur général de AirAsia, “le temps est venu pour nous de nous agrandir”.

“Notre objectif est de réduire au maximum les coûts et d’être le plus efficace possible”, indique pour sa part Steve Burns, directeur exécutif de Tiger Airways.

 11/06/2008 08:34:14 – Â© 2008 AFP