Le Forum de Carthage sur l’investissement se tient cette année les
12 et 13 juin, coïncidant aussi avec le 10ème anniversaire de la
création de cette manifestation. Pour en savoir plus, nous avons rencontré
Mme Mongia Khemiri, DG de la FIPA (ou en français, Agence de promotion des
investissements extérieurs). Elle nous dresse un bilan succinct des 9
premières éditions, mais surtout met en exergue le nouveau statut de la
Tunisie en tant site de production pour les entreprises étrangères à haute
valeur ajoutée. Anniversaire oblige, beaucoup de nouveaux sont prévues cette
année. Lisez l’interview ci-dessous pour les découvrir…
Webmanagercenter : A la veille de l’acte 10 du Forum de Carthage,
quel bilan dressez-vous de cette rencontre ?
Mme Mongia Khemiri : Le concept du Forum de Carthage sur
l’Investissement a été développé dès 1999, afin de répondre à une demande
internationale d’informations spécifiques sur le site Tunisie. Avec la
célébration de la dixième édition de cet évènement, nous enregistrons une
participation sans cesse grandissante qui donne à cette grand-messe
l’opportunité de se positionner comme une manifestation économique de
référence dans le pourtour méditerranéen. Ainsi, de 135 participants en
1999, nous nous apprêtons à accueillir près de mille cette année (2008),
entre participants tunisiens et étrangers.
La présence étrangère de qualité dans des secteurs porteurs ces 3
dernières années témoigne de la nouvelle aspiration du site tunisien de se
positionner comme une plateforme de premier plan pour des domaines
d’activités à haute valeur ajoutée. Aussi, les thématiques adoptées au cours
des dernières éditions cherchent-elles à être en adéquation avec la légitime
aspiration de la Tunisie de «monter en gamme» et de se positionner sur des
secteurs où l’attraction du site n’est pas seulement liée à des
considérations de coûts de facteurs mais où celles liées à la qualité et à
la disponibilité de ressources humaines qualifiées sont primordiales pour
les investisseurs potentiels étrangers.
Le forum, faut-il le rappeler, est une action de communication
ciblée. Le fait de réunir chaque année une audience internationale et
l’entretenir sur les avantages, sans cesse renouvelés, de la Tunisie comme
site d’accueil, est déjà un objectif largement atteint. En matière de
visibilité, notre pays est en train de d’acquérir une masse critique grâce à
ce type d’événement qui se classe aujourd’hui comme étant une plateforme de
partage d’informations à forte connotation technique et particulièrement
crédible. Le taux de fidélité du Forum en témoigne. En des termes
statistiques, le forum aura drainé en 10 ans d’existence près de 3.000
décideurs économiques étrangers et abouti à d’importants projets concrets.
Que réserve le Forum 2008 d’inédit à ses participants ?
Cette édition du Forum coïncide avec la mise en
place, dès le 1er janvier 2008, d’une zone de libre-échange entre
l’Union européenne et la Tunisie. C’est pourquoi nous avons voulu que cette
année les débats concernent le nouveau positionnement de la Tunisie dans
l’espace euroméditerranéen, un espace qui sera appelé à jouer un rôle de
plus en plus important dans l’économie mondiale. Par les diverses dimensions
de son intégration régionale la Tunisie est une plateforme de production de
1er ordre et un marché dynamique à même d’attirer les IDE,
notamment ceux à HVA (pour haute valeur ajoutée, NDLR). Ainsi, en dehors
d’une intégration de type «vertical» du genre de l’accord entre l’UE et la
Tunisie, l’intégration dans le cadre d’accords, tel que l’accord d’Agadir, sont de nature à faciliter à une entreprise opérant à
partir du site Tunisie de pouvoir accéder à un marché de près de 700
millions de consommateurs. C’est particulièrement cette nouvelle donne que
nous avons voulu mettre en exergue à l’occasion de la célébration de la 10ème
édition du Forum de Carthage sur l’Investissement.
Lors de cette édition, nous avons décidé, pour
la première fois, l’instauration d’une nouvelle tradition, à savoir
l’attribution de prix (Awards) aux entreprises étrangères qui se sont
distinguées par leur implication en faveur des priorités nationales en
matière de développement. C’est aussi une initiative visant la pérennisation
des entreprises étrangères en Tunisie et une traduction de l’intérêt que
réserve notre pays à ce vecteur. L’édition 2008 étant également une édition
anniversaire, elle enregistrera un record en matière de nationalités
participantes. D’ailleurs, pour la première fois, Européens et Asiatiques
seront presque à parité.
Qu’attend-on réellement
en matière d’IDE en 2008 ?
Au cours de la période 1995-2007, soit avec l’entrée en vigueur de
la zone de libre-échange avec l’Union européenne, les échanges commerciaux
globaux entre les deux pays se sont multipliés par trois, avec des
exportations qui ont quadruplé passant de 800 millions d’euros, en 1995 à
3200 millions d’euros en 2007 ; et des importations qui se sont multipliées
par deux, passant de 1 milliard d’euros à 2,5 milliards d’euros. Le nombre
d’emplois créés par les entreprises étrangères implantées en Tunisie qui
passent de 143.031 en 1995 à plus de 290.985 aujourd’hui.
Quant au nombre des entreprises étrangères ou à participation
étrangère, il est passé de 1.520, en 1995 à 2.895, aujourd’hui. Ce qui
signifie, automatiquement, que les IDE ont également augmenté, soit ils se
sont multipliés par quatre, avec un rythme de création d’entreprises qui est
passé de 175 en 1995 à 271 entreprises par an, en 2007.
Ces chiffres nous autorisent un optimisme certain pour 2008,
puisque la tendance vers la hausse, en termes de nombre et de qualité, s’est
déjà annoncée en 2007 et se trouve confirmée aujourd’hui par le bilan des
quatre premiers mois.
En dehors des aspects statistiques du phénomène, l’année 2008 devra
connaître la confirmation du nouveau statut de la Tunisie comme site
d’accueil d’activités industrielles ou de services, à haute valeur ajoutée,
et ce grâce notamment à la montée en gamme de notre économie et les gains en
productivité qui se sont accumulés ces dernières années.
Autre aspect caractéristique de l’année 2008 serait la venue
d’investisseurs nouveaux, asiatiques et américains précisément, qui
s’intéressent davantage à la Tunisie comme plateforme de production et
d’exportation au cœur de la zone Euromed.