[11/06/2008 16:29:02] GENÈVE (AFP) L’Union européenne a dénoncé mercredi à l’OMC une montée du protectionnisme aux Etats-Unis, évoquant les procédures de contrôle des importations par crainte d’attentats et la récente loi agricole votée par le Congrès. Lors de la procédure biennale d’examen de la politique commerciale de Washington à l’Organisation mondiale du commerce, l’UE a fait état de “signes inquiétants d’une réémergence du protectionnisme” aux Etats-Unis, selon un communiqué de la Commission européenne. Bruxelles a évoqué les exigences douanières croissantes de Washington, qui, au nom de la sécurité, tendent à freiner les importations, comme le passage obligatoire au scanner de la totalité des conteneurs de marchandises. Selon l’UE, ces dispositions constituent “une charge considérable” pour les exportateurs européens et soulèvent des doutes quant à leur conformité avec les règles de l’OMC. Les Européens regrettent par ailleurs que les Etats-Unis n’aient pas choisi la voie de la réforme dans leur dernière loi agricole, qui se traduit par une hausse des subventions faussant le commerce. Le président américain George W. Bush a opposé son veto le 21 mai à cette loi d’orientation sur l’agriculture, qui porte sur quelque 290 milliards de dollars de dépenses sur cinq ans. Mais les deux chambres du Congrès paraissent en mesure de passer outre le veto présidentiel. Lundi, l’OMC avait elle-même mis les Etats-Unis en garde pour leur déficit commercial abyssal dans son rapport préparé pour l’examen périodique du pays. On ne saurait “tenir pour acquis que le déficit peut perdurer, car il comporte certains risques, y compris une montée du protectionnisme”, avait averti le secrétariat de l’OMC. Lors de la réunion en présence des 152 pays membres, la Chine s’en est prise de son côté à la chute du dollar, qui se traduit selon Pékin par une hausse des prix du pétrole et des matières premières, au détriment des pays en développement. Dans son intervention, l’ambassadeur de Chine, Sun Zhenyu, a ajouté que la chute du dollar provoquait aussi une diminution des réserves de change des pays détenteurs de billets verts. Le Brésil a de son côté accusé les Etats-Unis de pratiquer des crêtes tarifaires sur l’importation de certains produits qui pénalisent les pays en développement, a rapporté Clem Boonekamp, responsable de l’examen des politiques commerciales à l’OMC. Brasilia, qui exporte largement des produits agricoles transformés, a ainsi fait valoir que ses exportateurs se heurtaient à un droit de douane moyen de plus de 20% à l’entrée aux Etats-Unis, alors que dans l’autre sens, les exportateurs américains ne paient qu’un droit de 11% pour entrer au Brésil. Les Etats-Unis appliquent en moyenne des droits de 4,8% à l’entrée des marchandises sur leur sol. L’ambassadeur des Etats-Unis auprès de l’OMC, Peter Allgeier, a assuré que son pays était décidé à abolir ces crêtes tarifaires dans le cadre des négociations de Doha sur la libéralisation des échanges mondiaux, a rapporté M. Boonekamp. |
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