Livret A et grandes surfaces : les députés dans le dur de la loi sur la modernisation de l’économie

 
 
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Un livret A (Photo : Mychèle Daniau)

[11/06/2008 18:45:55] PARIS (AFP) Les députés devaient enfin aborder dans la nuit de mercredi à jeudi le volet explosif “concurrence et grandes surfaces” du texte-marathon sur la modernisation de l’économie (LME), après avoir voté en fin d’après-midi la généralisation du Livret A à toutes les banques.

Faciliter l’implantation des grandes surfaces, au nom de la concurrence et de la baisse des prix, mais au risque de provoquer la colère des maires, tels seront les enjeux du dernier volet de la LME, dont les élus poursuivent l’examen des 44 articles souvent très techniques.

Les députés UMP devront aussi gagner la bataille de l’opinion. Les Français sont sceptiques: 34% considèrent que l’augmentation du nombre de grandes surfaces aura des conséquences négatives sur le niveau des prix, 27% des conséquences positives et 33% pas de conséquence du tout.

En attendant, la France a répondu mercredi aux injonctions de Bruxelles en votant à l’Assemblée -avant le Sénat- la généralisation de la distribution du Livret A à tous les établissements de crédit.

Auparavant, ce champion de l’épargne populaire était entre les mains de trois établissements (Banque postale, Caisses d’Epargne et Crédit mutuel pour le Livret Bleu). Entrave à la concurrence, avait tonné Bruxelles en 2007.

Au total, 40.000 guichets pourront désormais distribuer le Livret A, a estimé la ministre de l’Economie, Christine Lagarde (dont 12.000 guichets de la Poste, sans changement).

A l’unisson des députés de gauche, Daniel Golberg (PS) a dénoncé un “cadeau aux organismes bancaires”. “Vous faites le choix de démanteler le livret A et de mettre en danger le logement social”, a déclaré André Chassaigne (PCF).

Au fil de ce débat bancaire, les députés ont adopté un amendement de Nicolas Forissier (UMP) avec le soutien de Mme Lagarde pour garantir le droit au compte pour tous.

M. Forissier propose notamment qu’en cas de refus d’ouverture d’un compte dans une banque, la personne puisse saisir la Banque de France afin qu’elle lui désigne un autre établissement.

“Si on ne communique pas sur ce droit au compte, cela ne servira à rien qu’il existe”, a lancé François Brottes (PS), en proposant que la ministre envoie une note à toutes les mairies.

L’Assemblée a en revanche repoussé un amendement pour encadrer les crédits à taux variable. Explication dans ce dernier cas: sur fond de crises des “sub-primes”, les banques françaises ont déjà signé 12 engagements le 22 mai, à la suite d’un rapport du député UMP Frédéric Lefebvre.

Mardi soir, l’adoption d’un amendement du même M. Lefebvre a suscité une vive polémique. En ces temps de réflexion sur l’avenir de l’audiovisuel, M. Lefebvre a proposé le relèvement du seuil anti-concentration, notamment dans la télévision numérique terrestre (TNT).

“L’UMP a fait un cadeau en or massif aux groupes qui sont à ce jour les seuls concernés: Bouygues, M6, Lagardère, Vivendi, et demain Bolloré”, a estimé Didier Mathus (PS). “L’UMP met ainsi à mal un dispositif de protection du pluralisme pourtant modeste, au bénéfice des amis du président de la République”.

“Ne souhaitant pas être bégueule”, M. Brottes (PS) a voté un autre amendement de M. Lefebvre -“tarif social” de téléphonie mobile- mais en remarquant que les opérateurs… “ne pourront pas être contraints” de mettre en place ce tarif pour les plus démunis.

 11/06/2008 18:45:55 – Â© 2008 AFP