[12/06/2008 18:49:20] PARIS (AFP)
Paris a annoncé jeudi son intention d’entrer au capital des ex-Chantiers de l’Atlantique pour “sécuriser ses intérêts stratégiques et industriels”, stupéfiant leur principal propriétaire, le norvégien Aker Yards, qui n’a pas encore donné son feu vert à la transaction. Le Premier ministre François Fillon a signé un “accord de partenariat industriel” avec le chantier naval sud-coréen STX Shipbuilding, actionnaire principal du norvégien Aker Yards. “L’engagement que STX a pris, c’est de faire en sorte que Aker Yards vende 9% de Aker Yards France –la dénomination actuelle des Chantiers de l’Atlantique de Saint-Nazaire et Lorient, ndlr–“, a indiqué à l’AFP une source française proche du dossier. Le groupe norvégien détient 75% des chantiers navals français, qui emploient 3.000 salariés à Saint-Nazaire et autant de sous-traitants. Son conseil d’administration devrait avaliser cette opération “dans les quelques mois qui viennent, au plus tard d’ici la fin de l’année”, selon la même source. Elle représente “quelques dizaines de millions d’euros”. Avec 39,2% du capital du groupe norvégien STX dispose d’une minorité de blocage mais il n’a qu’un seul représentant sur neuf (dont trois représentants du personnel) dans le conseil d’administration. “Je pense que STX va convaincre le conseil d’administration de Aker Yards. C’est leur plus grand actionnaire”, a estimé un analyste norvégien. La participation de l’Etat français, “à côté de celle d’Alstom qui détient déjà 25% de l’entreprise, garantira aux intérêts français une minorité de blocage de 34% au capital”, s’est félicité le président français, Nicolas Sarkozy. Le français Alstom, ancien propriétaire des Chantiers, s’est engagé à en conserver 25% jusqu’en 2010. Il a refusé de commenter l’accord de jeudi. De source française proche du dossier, “soit Alstom reste après 2010, soit il s’en va, mais STX a pris l’engagement de faire en sorte que l’Etat français rachète ses parts”. Svein Sivertsen, président du conseil d’administration et directeur général par intérim d’Aker Yards, s’est dit “surpris d’apprendre par voie de presse que le gouvernement français a annoncé son intention d’acheter au total 34% des actions d’Aker Yards France”. “Le conseil d’administration n’a pas dans le passé envisagé de céder une part de ses activités françaises”, a précisé M. Sivertsen, qui a dit s’attendre à recevoir des “informations plus détaillées” sur les intentions françaises. En échange de son entrée dans Aker Yards France, le gouvernement français a accepté de laisser aux Sud-Coréens un droit de regard sur les chantiers navals français, fabricant partiellement des navires militaires, selon une source française proche du dossier. Les chantiers de Saint-Nazaire ont réalisé récemment toute la partie avant des deux bâtiments porte-hélicoptères longs de près de 200 mètres, le Mistral et le Tonnerre. Il est question, si la France décide de construire un second porte-avion en 2011, qu’ils en réalisent toute la coque. Par ailleurs, dans l’accord signé jeudi, STX a promis ne pas développer de capacités industrielles concurrentes de Aker Yards France en dehors de l’Europe, selon la même source. Une nouvelle qui met du baume au coeur des syndicats français, inquiets de voir les Sud-Coréens piller le savoir-faire de l’entreprise en construction de paquebots. |
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