[12/06/2008 17:45:56] WASHINGTON (AFP) Les Américains ont continué à consommer en mai, l’arrivée des premiers chèques envoyés par le gouvernement dans le cadre de son plan de relance permettant de gommer l’impact de prix de l’essence historiquement élevés. “Les ménages ont beau se plaindre du coût de la vie, ils continuent à acheter en quantité impressionnante”, a résumé Joel Naroff, économiste indépendant. Les ventes de détail ont augmenté de 1% en mai par rapport à avril, leur plus forte hausse depuis novembre, notamment grâce au commerce de carburant. En excluant les ventes d’automobiles, les ventes de détail ont même progressé de 1,2%, a indiqué jeudi le département du Commerce. La hausse des deux indices est supérieure aux attentes des analystes qui tablaient sur une progression de 0,5% de l’indice général et +0,7% hors automobile. En outre, le ministère a révisé à la hausse les ventes de détail pour avril, à +0,4%, contre -0,2% publié initialement, et à +1% leur progression hors automobile, au lieu de +0,5% annoncé précédemment. “Les consommateurs sortent toujours, dépensent leur argent et sans doute les remboursement d’impôts octroyés par le gouvernement”, a expliqué M. Naroff, en référence au plan de relance budgétaire engagé par Washington. Le département du Trésor a d’ores et envoyé plus de 66 millions de chèques, au titre de ce plan, pour un montant total évalué à plus de 56 milliards de dollars, selon son dernier décompte. Mercredi, le ministère a précisé que, sur le seul mois de mai, 48 milliards de dollars avaient quitté les caisses de l’Etat pour le financer. La hausse des ventes en mai s’explique d’abord par le commerce de l’essence, dans un contexte de flambée des cours du pétrole: les ventes à la pompe ont augmenté de 2,6% (+13,8% sur un an). Mais tous les autres postes de dépenses ont progressé, surtout celui des matériels de bricolage et de jardinage, qui comme les autres secteurs liés à la maison avaient beaucoup souffert ces derniers mois de la crise de l’immobilier: leurs ventes ont augmenté de 2,4% le mois dernier. “La force de la consommation devrait mettre le PIB à l’abri de la récession”, en a déduit Stéphane Gallagher, économiste de la Société générale. “On peut s’attendre à ce que la Fed reste immobile un moment, le temps d’évaluer la résistance de la consommation et les tensions sur les institutions financières”, a-t-il anticipé. La banque centrale doit examiner le niveau de ses taux directeurs lors de la prochaine réunion de son comité de politique monétaire (FOMC), les 24 et 25 juin. Ces derniers jours, plusieurs de ses dirigeants ont fait part de leurs inquiétudes sur l’inflation et écarté plus ou moins implicitement l’idée d’une nouvelle baisse du taux directeur, actuellement fixé à 2%. Certains acteurs de marché vont même jusqu’à pronostiquer un relèvement. Allant dans leur sens, le président de la banque de réserve de Philadelphie, Charles Plosser, a estimé jeudi que la Fed devrait agir “par anticipation” pour empêcher que s’installe dans l’opinion l’idée que l’inflation allait déraper dans les mois à venir. “Il nous faut réaliser qu’une fois que les attentes d’inflation ont dérapé, c’est trop tard. Il nous faut donc agir par anticipation pour faire en sorte qu’elles soient contenues”, a-t-il souligné, lors d’un long entretien avec la chaîne d’information financière CNBC. Signe de l’acuité du risque inflationniste, les prix à l’importation ont progressé de 2,3% en mai par rapport à avril, même si cette très forte augmentation est ramenée à 0,5% en excluant les produits pétroliers, a indiqué le département du Travail. La hausse enregistrée entre février et mai, soit 7,9%, est la plus importante sur trois mois depuis octobre 1990. |
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