Ravitailleurs américains : l’armée a mal évalué les offres, révèlent les industriels

 
 
[13/06/2008 06:02:25] WASHINGTON (AFP)

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L’avion ravitailleur d’Airbus, le 18 juin 2007 au Bourget (Photo : Pierre Verdy)

Le Pentagone a commis des erreurs dans l’évaluation des offres pour l’énorme contrat des avions ravitailleurs de l’armée américaine, finalement octroyé au tandem EADS/Northrop, a-t-on appris jeudi auprès des industriels en lice, à quelques jours d’une échéance cruciale.

“L’armée de l’air américaine (US Air Force) a découvert cinq erreurs dans le calcul du coût le plus probable du cycle de vie (du programme), ce qui a entraîné un léger ajustement des coûts opérationnels des deux appareils”, a admis Northrop Grumman, dans une déclaration écrite adressée à l’AFP.

Son rival malheureux Boeing, qui a déposé un recours contre l’attribution de ce contrat auprès de la Cour des comptes américaines (GAO) a estimé que la découverte de ces inexactitudes renforçait sa position dans la procédure.

“Nous avons découvert que l’armée de l’Air reconnaît que des erreurs ont été commises s’agissant de l’évaluation à long terme d’un appareil par rapport à l’autre et que nous offrions une meilleure valeur à long terme”, a déclaré à l’AFP Bill Barksdale, porte-parole de Boeing.

Cette compétition — à haute teneur politique — a opposé pendant des années le KC-45, une version militarisée de l’A330 d’Airbus, et le KC-767, un dérivé du 767 de Boeing. Le choix final d’un avion européen avait suscité une levée de boucliers protectionniste dans les rangs du Congrès.

Les inexactitudes signalées par les deux concurrents ont été mises au jour lors de la révision du processus d’évaluation effectué à la demande du GAO.

Northrop a cependant estimé que “ces erreurs mineures ne devraient avoir aucun impact sur la décision” du GAO, qui doit se prononcer d’ici au 19 juin.

Interrogée par l’AFP, l’armée de l’air américaine n’était immédiatement disponible jeudi après-midi pour commenter cette information.

Le 29 février, le Pentagone avait choisi EADS, maison-mère du constructeur aéronautique Airbus, et Northrop Grumman pour fournir 179 avions ravitailleurs, dans un contrat de 35 milliards de dollars, l’un des plus gros contrats octroyés par le Pentagone ces dernières années.

Le 11 mars, Boeing avait déposé un recours auprès du GAO, contestant l’attribution du contrat au titre “d’irrégularités dans le déroulement de la compétition et dans l’évaluation des offres concurrentes”.

Au terme de son évaluation, l’armée de l’air était arrivée à la conclusion que l’offre de Northrop-EADS coûterait 34 millions (0,03%) de dollars de moins que celle de Boeing, a rappelé Northrop dans sa déclaration.

Ce meilleur prix avait contribué à convaincre le Pentagone d’opter pour cette offre, dans une compétition très serrée.

Interrogé jeudi sur ce point, Bill Barksdale n’était pas en mesure de chiffrer le nouvel écart entre les deux offres afin d’établir dans quelle mesure l’offre de Boeing serait désormais la plus avantageuse.

“Je n’ai pas de chiffre”, a-t-il dit, dans un entretien téléphonique.

Ces révélations, à moins d’une semaine du délai fixé au GAO pour se prononcer, interviennent aussi à un moment critique pour l’armée de l’air américaine dont les deux principaux dirigeants viennent d’être limogés.

Cette valse des têtes ne fait pas les affaires du tandem EADS-Northrop.

“Le départ des deux chefs de l’armée de l’air américaine fait craindre un affaiblissement” (de la position d’EADS et de Northrop), “car ils soutenaient le fait que leurs services avaient fait du bon travail dans ce dossier”, explique une source européenne proche des négociations.

“Or, leurs remplaçants peuvent très bien avoir une autre approche”.

 13/06/2008 06:02:25 – Â© 2008 AFP