Washington semble finalement décidé à donner un coup de pouce au dollar

 
 
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évrier 2008 à Paris (Photo : Patrick Hertzog)

[13/06/2008 07:06:26] OSAKA (Japon) (AFP) Pendant des années, les Etats-Unis ont appelé de leurs voeux un “dollar fort”, sans vraiment être crus par quiconque. Mais alors que l’inflation devient une préoccupation mondiale majeure, les marchés commencent à prendre ces déclarations au sérieux.

Même si la question des changes ne figure pas officiellement au programme de la réunion des ministres des Finances du G8, vendredi et samedi à Osaka (Japon), elle sera probablement abordée au cours des discussions en raison, notamment, de la corrélation entre le dollar faible et le pétrole cher.

Washington n’a jamais cessé de répéter son crédo du “dollar fort”, mais les marchés ont cessé de l’écouter depuis des années, considérant que les dirigeants américains s’accommodaient en fait très bien d’un dollar faible.

Mais, si un dollar déprécié dope les exportations américaines, il contribue aussi à importer de l’inflation aux Etats-Unis. Et alors que la flambée des cours du pétrole fait peser une menace supplémentaire sur l’économie américaine déjà affectée par la crise du crédit, Washington semble maintenant pressé de donner un coup de fouet à sa devise, estiment les analystes.

“Il est clair comme le jour que les Américains sont d’avis qu’une chute du dollar ferait plus de mal que de bien”, juge ainsi John Kyriakopoulos, analyste chez NAB Capital. “Les cambistes estiment maintenant que la politique du laisser-faire concernant le billet vert est finie”.

Les Etats-Unis s’étaient, lors des dernières réunions du “G8 Finances”, abstenus de parler haut et fort en faveur du dollar fort. Selon les analystes, cela pourrait changer à Osaka en raison de la nécessité, pour les responsables américains, de maintenir l’inflation sous contrôle dans l’espoir d’échapper à une hausse des taux d’intérêt qui compromettrait la reprise économique.

“Cette fois, ils sont plus clairement contre la faiblesse du dollar”, a estimé David Mann, analyste des changes chez Standard Chartered, tout en doutant que les ministres du G8 (Allemagne, Canada, Etats-Unis, France, Grande-Bretagne, Italie, Japon, Russie) parviennent à accorder leurs violons à Osaka.

“Nous doutons que les Européens soient disposés à voir l’euro décrocher de façon spectaculaire. Cela leur donnerait des maux de tête inflationnistes supplémentaires”, pronostique-t-il.

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ésident de la Réserve fédérale américaine, Ben Bernanke, à Chicago, le 15 mai 2008 (Photo : Scott Olson)

Le gouverneur de la Banque centrale européenne (BCE), Jean-Claude Trichet, a surpris les marchés la semaine dernière en avertissant que les taux d’intérêt de la zone euro pourraient être relevés la semaine prochaine pour contrer l’inflation. Son homologue de la Réserve fédérale américaine (Fed), Ben Bernanke, a également musclé son discours anti-inflationniste récemment.

Pendant ce temps, le président américain George W. Bush, en tournée en Europe, a affirmé qu’il souhaitait une appréciation du dollar. Et son secrétaire au Trésor Henry Paulson n’a pas écarté la possibilité d’une intervention sur le marché des changes pour redresser le billet vert.

“Dans notre esprit, l’attention croissante que portent au dollar faible les responsables américains est susceptible de limiter la glissade de cette devise”, écrivent dans une note les analystes de Barclays Capital.

“Cependant, une réponse politique concertée serait nécessaire si l’on veut que l’appréciation du dollar soit forte et soutenue, que ce soit via une intervention sur le marché des changes ou via une hausse des taux d’intérêt, deux scénarios improbables pour le moment”, ajoutent-ils.

“Pour que le dollar se ressaisisse durablement, il faudrait soit des déclarations plus musclées de la Fed en faveur d’une prochaine hausse des taux, soit un changement majeur dans le communiqué du G8 pour qu’il soutienne explicitement le dollar. Mais je doute qu’un consensus puisse être atteint à ce sujet”, analyse M. Mann, de chez Standard Chartered.

 13/06/2008 07:06:26 – Â© 2008 AFP