10 milliards de dollars.
C’est à peu près le montant du soutien financier apporté par l’Union
européenne aux pays de la rive Sud de la Méditerranée. Ce qui veut dire que
chacun des huit pays ayant bénéficié de cette manne (Algérie, Palestine,
Egypte, Jordanie, Liban, Maroc, Syrie et Tunisie) a reçu un peu moins de 180
millions de dollars par an depuis 2000, soit 1,250 milliard de dollars en
sept ans. Un effort que le bailleur de fonds estime «significatif » et que
les bénéficiaires et certains européens trouvent insuffisant pour permettre
aux pays du Sud d’accélérer significativement le rythme de croissance de
leurs économies et de rétrécir le fossé qui les sépare dans ce domaine de
l’Europe.
Jean-Louis Guigou,
président de l’Institut de prospective économique du monde méditerranéen (Ipmed),
est l’un de ces européens qui pensent que l’Union européenne doit faire plus
et autrement en matière d’accompagnement des pays sud-méditerranéens sur la
voie du développement économique. Car il s’agit moins de mettre en place un
nouveau «Plan Marshall », synonyme d’ouverture d’un robinet financier qui
arroserait le Sud de la Méditerranée, que d’initier une véritable action de
co-développement.
Certes, M.Guigou ne
néglige pas la dimension financière. Du haut de la tribune de la deuxième
édition d’Euromed Capital Forum (Tunis, 24-26 avril 2008), le président d’IPMED
a appelé les pays européens à porter leur aide aux pays sud-méditerranéens
de 1 à 10 milliards d’Euros par an et cela pendant 15 ans. Le patron de ce «think
tank » euro-méditerranéen sait même où l’on peut trouver les moyens
financiers supplémentaires pour faire cela : les économies qui seront faites
par l’Union européenne au cours des années à venir sur les budgets alloués
aux politiques agricole et régionale. Alors qu’elle y consacre actuellement
près de 95 milliards de dollars, l’Europe économisera près de 100 milliards
$ à partir de 2013, calcule le président d’IPMED.
Toutefois, le rôle de
l’Union européenne ne devrait pas se limiter à arroser financièrement les
pays du Sud. Selon M.Guigou, les «vingt-sept » devraient assumer à l’égard
de ces pays le même rôle que celui joué par le Japon et l’Allemagne,
respectivement en faveur de l’Asie du Sud-Est et de l’Europe de l’Est.
Le Japon a
«volontairement décidé de créer les Dragons de l’Asie pour qu’ils tirent sa
propre croissance ». A cet effet, les Japonais ont délocalisé des «fragments
de leurs entreprises et créé des joint-venture ».
Ayant quant à elle «eu
peur, après la chute du Mur de Berlin, que les Polonais et les autres
populations de l’Est l’envahissent », l’Allemagne «a créé une base
économique dans ces pays », rappelle le président d’IPMED.
Moralité de l’histoire :
«il faut que les pays européens pensent que les pays du Sud peuvent et
doivent devenir des dragons ».
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