[14/06/2008 17:34:52] PARIS (AFP) La Bourse de Paris, désarçonnée par un risque inflationniste qu’elle peine à mesurer, scrutera la semaine prochaine les comptes trimestriels des banques américaines, avant-goût de la saison des résultats qui animera les marchés cet été. Sur la semaine écoulée, l’indice CAC 40 a perdu 2,36% pour finir à 4.682,30 points, portant à 6,62% son repli depuis le début du mois et à 16,60% sa baisse depuis le début de l’année. Il a retrouvé son niveau de fin mars, effaçant entièrement son rebond printanier. La place parisienne a vacillé sous les assauts conjoints du pétrole cher, du durcissement des discours des banques centrales concernant l’inflation et des inquiétudes sur le secteur financier, avec les rumeurs d’augmentation de capital entourant plusieurs grandes banques. “Avant, on était dans le brouillard sur quelque chose de parfaitement identifié, qui était l’impact de la crise des +subprime+”, ces crédits hypothécaires à risque disséminés dans des produits sophistiqués, a expliqué à l’AFP Arnaud Riverain, responsable de la recherche chez Arkéon Finance. Mais selon lui, les marchés doivent désormais composer avec “la réapparition de cette grande sorcière qu’est l’inflation”, qui se présente en plus sous un jour inédit, en se cantonnant aux matières premières énergétiques et alimentaires sans provoquer de dérapage des salaires. Cette flambée très localisée des prix divise les économistes, certains estimant qu’il s’agit d’un problème durable, auquel les banques centrales ne peuvent pas grand-chose, tandis que d’autres jugent que le ralentissement économique calmera mécaniquement les tensions inflationnistes. “Les investisseurs cherchent à trouver un sens à l’inflation”, résume la banque américaine Merrill Lynch dans une note, expliquant le climat d’attentisme qui s’installe sur les places boursières, où l’absence de tendance claire laisse place à une forte volatilité quotidienne. Pour Jean-Philippe Muge, de Swisslife Gestion Privée, “les marchés redeviennent extrêmement nerveux et réagissent à la moindre nouvelle, comme au début de l’année, ce qui pourrait perdurer pendant encore quelques mois”. “Quand un indice fait continuellement les montagnes russes, certains acteurs se font un plaisir de +jouer les écarts+ (parier sur les fluctuations à très court terme, ndlr), ce qui compose une partie importante des échanges”, précise Arnaud Riverain. Privés de statistiques de premier plan la semaine prochaine, les opérateurs se concentreront sur les publications trimestrielles des grandes banques américaines, avec les chiffres définitifs de Lehman Brothers lundi, Goldman Sachs mardi et Morgan Stanley mercredi. “La principale peur porte sur Goldman Sachs, dont la capacité à encaisser a été assez impressionnante jusque-là. Si elle annonce des difficultés, le doute sera installé sur l’ensemble des financières, et pour très longtemps”, a estimé l’économiste d’Arkéon Finance. A supposer même que les banques américaines résistent mieux que prévu, elles ne déclencheraient pas nécessairement un regain d’intérêt pour leurs homologues européennes, dont les perspectives restent incertaines. “Le secteur bancaire est faiblement valorisé mais ce n’est pas une raison pour s’y intéresser. On vient de vivre la première partie de la crise mais il reste l’éclatement de la bulle immobilière européenne, auquel seule l’Allemagne devrait échapper”, pronostique François Chevallier, stratégiste de VP Finance. |
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