L’Afrique du Sud contrainte à se serrer la ceinture après des années fastes

 
 
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ès du Cap en Afrique du Sud, en juillet 2007 (Photo : Gianluigi Guercia)

[15/06/2008 10:52:41] JOHANNESBURG (AFP) L’Afrique du Sud, première économie du continent, va devoir apprendre à se serrer la ceinture après des années de croissance soutenue, la Banque centrale ayant encore relevé ses taux directeurs dans l’espoir de contenir une inflation toujours plus élevée.

Des chiffres publiés fin mai ont indiqué une contraction de la croissance tombée à 2,1% en taux annuel au premier trimestre 2008, contre 5,3% au trimestre précédent. Et le gouvernement a prévu un ralentissement à 4% en 2008, après plusieurs années d’expansion économique supérieure à 5%.

L’Afrique du Sud souffre de problèmes structurels, notamment d’une crise énergétique majeure qui a contraint les mines du pays à rester fermées pendant plusieurs jours en janvier.

Mais elle pâtit également de la conjoncture internationale, surtout de la flambée des prix du pétrole et des produits alimentaires qui alimente l’inflation, passée à 11,1% en avril.

Dans ce contexte, la Banque centrale a annoncé jeudi, pour la dixième fois en deux ans, une hausse d’un demi point de pourcentage de son taux de base, porté à 12%. Les banques ont répercuté cette hausse sur le taux du crédit immobilier, fixé à 15,5%.

“Je pense que les taux d’intérêts vont rester élevés une grande partie de l’année”, a indiqué à l’AFP l’économiste en chef de la compagnie d’investissement T-Sec, Mike Schussler.

“Les consommateurs commencent à se serrer la ceinture. Les ventes au détail et de voitures sont à la baisse. Les ventes de maison ralentissent également et les prix sont sous pression. Tous ces facteurs peuvent contribuer à un ralentissement de l’économie”, a-t-il ajouté.

Le gouverneur de la Banque centrale, Tito Mboweni, maintient toutefois que la hausse des taux d’intérêt est le meilleur moyen de ramener l’inflation dans la fourchette de 3 à 6%, objectif fixé au gardien de la politique monétaire.

“La Banque centrale a révisé ses prévisions d’inflation et table sur un taux de 12% d’ici la fin de l’année et prévoit de revenir dans la fourchette d’ici au troisième trimestre de 2010”, a expliqué Razia Khan, analyste de la banque Standard Chartered Bank.

“Mais ces prévisions ne prennent pas en compte la possibilité d’une augmentation du prix de l’électricité supérieure au taux d’inflation”, a-t-il noté.

La compagnie nationale d’electricité, Eskom, a réclamé le droit d’augmenter de 53% ses tarifs pour financer le renouvellement de ses infrastructures, qui ne répondent plus à la demande.

“L’Afrique du Sud a écarté une hausse de 53%, mais une forte augmentation du prix de l’électricité est quand même très probable”, selon M. Khan. Tito Mboweni a d’ors et déjà fait savoir qu’il augmenterait encore le taux directeur si cette hausse est très élevée.

Mais avec un endettement des ménages qui correspond à 78% des revenus disponibles, la majorité des sud-Africains risquent de beaucoup souffrir d’une hausse des taux d’intérêt, selon John Loos, économiste à la First National Bank (FNB).

D’autant que la hausse des prix du transport, des aliments et des soins médicaux les frappent de plein fouet, a-t-il ajouté.

La puissante confédération syndicale Cosatu (Congrès des syndicats sud-africains) a déjà menacé d’organiser des manifestations contre la vie chère. “Les entreprises, surtout les plus petites, vont faire face à une hausse handicapante de leurs coûts et vont devoir licencier”, écrit la Cosatu dans un communiqué. “Des milliers d’emplois pourraient être perdus”.

Le chômage concerne déjà 30% des adultes et 43% de la population vit sous le seuil de pauvreté. Le gouvernement a régulièrement indiqué qu’il lui fallait une croissance de 4,5% entre 2005 et 2009 et de 6% entre 2010 et 2014 pour diviser par deux chômage et pauvreté.

 15/06/2008 10:52:41 – Â© 2008 AFP