Le pétrole taquine les 140 dollars sur un marché sceptique avant Djeddah

 
 
[16/06/2008 20:28:16] LONDRES (AFP)

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étrole en Californie, en janvier 2008 (Photo : David McNew)

Le baril de pétrole était en hausse de deux dollars lundi en fin d’après-midi, après une envolée historique jusqu’à 139,89 dollars, sur un marché à la fois fébrile, après une interruption de la production en Norvège, et sceptique, quant à l’issue de la réunion de Djeddah.

Vers 12H50 GMT, les prix du brut ont brutalement bondi de quatre dollars, manquant de peu la cible des 140 dollars le baril. Le baril a atteint 139,89 dollars à New York et 139,32 dollars à Londres, un double record historique, effaçant des performances datant du 6 juin.

L’annonce d’une interruption de l’offre en Norvège a semé la panique : la production pétrolière était amputée lundi de 150.000 barils par jour, soit 7% de son niveau normal, à la suite d’un départ d’incendie la veille sur une plateforme de la mer du Nord, a annoncé le groupe pétrolier norvégien StatoilHydro.

Les investisseurs avaient déjà une raison en or pour racheter du pétrole. Un brutal accès de faiblesse du billet vert leur a fourni une excuse supplémentaire : la publication d’un mauvais indice d’activité industrielle aux Etats-Unis a fait flancher à nouveau le dollar face à l’euro.

La monnaie unique est remontée à 1,5518 dollar pour un euro, contre 1,5384 vendredi. Chaque fois que le dollar baisse, les investisseurs sont tentés d’acheter des matières premières pour se couvrir contre l’inflation.

En toile de fond, le marché semblait accueillir avec scepticisme la hausse de la production saoudienne annoncée par des sources de presse vendredi.

Selon l’hebdomadaire spécialisé MEES, l’Arabie saoudite, chef de file de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), pourrait décider d’augmenter sa production à 10 millions de barils par jour (mbj) lors de la conférence du 22 juin à Djeddah où elle a convié pays consommateurs et producteurs à venir élucider ensemble les causes de l’envolée des prix.

Le secrétaire général de l’ONU a étayé ce scénario en affirmant que le roi Abdallah d’Arabie saoudite estimait les prix du pétrole “anormalement élevés” et était disposé à tout faire pour les ramener à des “niveaux convenables”. Mais il a a indiqué que la hausse de production serait de 200.000 barils par jour.

Dans tous les cas — 200.000 ou 500.000 barils de plus — le marché doute que le geste envisagé par les Saoudiens constitue un remède assez efficace pour apaiser les craintes sur les approvisionnements.

“Ce geste ne semble pas être suffisant pour faire reculer les prix, ni non plus pour abroger les attentes à long terme d’équilibre très serré entre offre et demande, fondées sur une robuste demande des pays émergents et une production hors-Opep chancelante”, commentaient ainsi les analystes de la banque Barclays Capital.

“Il n’est pas sûr encore que la décision (par Ryad) d’accroître la production puisse apaiser immédiatement et de façon importante les prix”, doutait également Olivier Jakob, du cabinet Petromatrix.

Selon lui, certaines grandes banques pourraient se servir de cette hausse comme d’un argument haussier, en insistant par exemple sur le fait qu’en produisant plus, l’Arabie saoudite diminuera d’autant sa capacité de production excédentaire (sa réserve de production mobilisable immédiatement).

L’Arabie saoudite produit 9,45 mbj après une augmentation de 300.000 b/j annoncée à la mi-mai lors d’une visite au royaume du président américain George W. Bush.

Vers 16H00 GMT (18H00 à Paris), le baril de pétrole pour livraison en août coté à Londres s’échangeait à 137,20 dollars à Londres, en hausse de 1,97 dollar. A la même heure, le “light sweet crude” pour livraison en juillet prenait 2 dollars, à 136,86 dollars à New York.

 16/06/2008 20:28:16 – Â© 2008 AFP