Le commerce textile brade avant les soldes pour faire revenir le client

 
 
[17/06/2008 09:16:08] PARIS (AFP)

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à Strasbourg, lors des soldes d’hiver (Photo : Frederick Florin)

Les commerçants ont déjà commencé à brader les vêtements, bien avant les soldes d’été qui démarrent le 25 juin, en raison de sérieuses méventes liées à une météo peu clémente et à une conjoncture morose qui poussent le consommateur à retarder les achats de vêtements.

“Nos entreprises accusent le coup depuis quelques mois. Même la Fête des Pères (le 15 juin, NDLR), qui génère traditionnellement du chiffre d’affaires, n’a pas été terrible”, déplore Lucien Odier, président de la Fédération des enseignes de l’habillement, qui représente de grandes chaînes comme Zara, Celio ou Benetton.

“Les soldes vont être bons pour les clients, parce que malheureusement on a du stock sur les bras”, ajoute-t-il.

Les soldes sont les seules périodes de l’année où les commerçants sont autorisés à revendre à perte, c’est-à-dire en dessous du prix auquel ils ont eux-mêmes acheté. Ils démarrent le 25 juin et prennent fin six semaines plus tard.

Le projet de loi de modernisation de l’économie (LME), examiné à l’Assemblée nationale ce mardi et au Sénat le 30 juin, autorise les commerçants à choisir librement deux semaines de soldes par an, en plus des deux périodes fixes nationales en été et en hiver, qui seront réduites de six à cinq semaines.

En attendant, les magasins ont lancé de belles promotions. La chaîne pour hommes Devred propose ainsi, jusqu’au 23 juin, un rabais de 80% sur le deuxième article acheté, Gap vend “trois articles pour le prix de deux”, Pimkie fait d’ores et déjà des réductions de 50% sur une large gamme de vêtements et certaines boutiques d’indépendants à Paris promettent des baisses allant de 30% à 60%.

Ces promotions et les soldes d’été ne devraient pas pour autant compenser les méventes, craignent les spécialistes du secteur.

“Il y a une véritable rupture dans la consommation de vêtements. La météo, mais également l’économie générale, la facture énergétique y contribuent”, explique Evelyne Chaballier, directrice des études économiques et prospectives à l’Institut français de la mode (IFM).

“L’augmentation du prix du plein d’essence entraîne une réduction du budget consacré à l’habillement de 5% à 10%”, selon M. Odier.

Pour M. Odier, les facteurs économiques ainsi que les arbitrages des consommateurs en faveur des nouvelles technologies (téléphones portables, jeux vidéo) devraient peser sur la consommation de textile cette année mais aussi en 2009, un renversement de tendance par rapport à 2007.

L’an dernier, la consommation d’habillement avait en effet progressé de 1,7% en valeur, selon l’IFM. Malgré une météo estivale maussade, le secteur avait été porté par un optimisme général, lié aux élections présidentielles et aux promesses d’amélioration du pouvoir d’achat.

Le budget de textiles et chaussures des ménages français avait augmenté de 22 euros en 2007, à 715 euros, et la part de foyers “à la recherche des magasins les moins chers” a baissé de 5%, selon le cabinet Worldpanel.

Les consommateurs ont acheté plus d’articles et plus cher, indique Worldpanel.

Or depuis le début de cette année les ventes en volumes et en valeur baissent de 3,5% selon l’IFM, par rapport à la même période en 2007. Sur le seul mois d’avril, le chiffre d’affaires a dégringolé de 8% en valeur et de près de 7% en volumes par rapport à avril 2007.

Toutes les chaînes de distribution (boutiques d’indépendants, hypermarchés, chaînes, vente à distance) pâtissent de la morosité ambiante, en dehors des grands magasins qui dopent leurs ventes grâce aux touristes.

 17/06/2008 09:16:08 – Â© 2008 AFP