Livre blanc de la Défense : moins de frégates à construire mais plus de satellites

 
 
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évrier 2008 (Photo : Shah Marai)

[17/06/2008 11:38:31] PARIS (AFP) Le Livre blanc sur la Défense, présenté mardi par Nicolas Sarkozy, se traduira pour les industriels par moins de frégates commandées au groupe naval DCNS et un probable étalement des commandes de Rafale à Dassault, mais il ouvre de nouvelles opportunités dans le spatial.

Le Livre blanc définit des priorités stratégiques mais fixe aussi des objectifs en termes de matériels: 250 chars Leclerc, 650 blindés de combat type VBCI, 300 avions de combat – Rafale et Mirage 2000-D modernisés – ou encore un total de 18 frégates de premier rang.

La conséquence de ce dernier chiffre est que le groupe DCNS, détenu à 75% par l’Etat et 25% par Thales, ne devrait recevoir commande que de 11 frégates multi-missions FREMM sur les 17 initialement prévues.

“Il y aura moins de FREMM que prévu, pas de décision sur le deuxième porte-avion avant 2012, donc à court terme tout ceux qui sont dans le naval perdent quelque chose”, résume Etienne de Durand, directeur des études de sécurité à l’IFRI.

Une perte — plus de 3 milliards pour le porte-avion et 500 millions par frégate — d’autant plus importante que le groupe dépend encore fortement de la commande publique.

Mais il n’y aura “pas de plan social” chez DCNS, assure un porte-parole du groupe: “on va rapatrier dans nos établissements l’activité qui devait être sous-traitée”.

Du côté des avions de combat, un objectif de 300 appareils en comptant des Mirage 2000-D modernisés laisse peu de place aux 294 Rafale que devait s’offrir la France.

“Le programme Rafale sera probablement un peu plus petit que prévu”, commente M. de Durand.

Chez Dassault Aviation “on n’y voit pas une suppression” de certains appareils mais plutôt “un étalement du programme”.

Dassault n’a pas trop de motif d’inquiétude: il réalise une bonne partie de son chiffre d’affaires (57% en 2007) avec ses avions d’affaires Falcon.

Et il vient de s’allier à Thales et l’espagnol Indra pour concurrencer EADS sur le marché des drones MALE (moyenne altitude longue endurance) de surveillance, au moment où le Livre blanc en fait une priorité.

Pour les appareils de transport, les avions A400M et les hélicoptères NH-90 restent des priorités et profiteront à son fabricant EADS.

En armement terrestre, les 650 VBCI (Véhicule blindé de combat d’infanterie), sur les 700 prévus, constituent une réduction moindre que ce que pouvait craindre son fabricant, le groupe public Nexter.

“Ca semble très raisonnable”, commente Jean-Patrick Baillet, directeur des opérations de Nexter.

Mais il faudra attendre pour savoir si “les cadences de production seront maintenues ou si le programme sera étalé” dans le temps, nuance-t-il.

C’est la future loi de programmation militaire (LPM), pour la période 2009-2014, qui commencera à traduire les objectifs d’équipement en crédits.

Le président s’est engagé à consacrer 200 milliards pour l’équipement des armées d’ici 2020.

Pour l’instant, “les détails ne sont pas donnés parce que les arbitrages précis seront rendus dans les mois qui viennent avec la procédure budgétaire”, explique Etienne de Durand.

C’est aussi à cette occasion que pourront se traduire les ambitions affichées dans le domaine spatial. Le Livre blanc veut porter l’accent sur les satellites de renseignement et de détection des lancements de missiles.

Ces programmes coûteux profiteraient aux deux grands fabricants européens: Astrium, filiale d’EADS qui assure aussi la maîtrise d’oeuvre de la fusée Ariane 5, et Thales Alenia Space (détenu par Thales à 67% et l’italien Finmeccanica à 33%).

 17/06/2008 11:38:31 – Â© 2008 AFP