[17/06/2008 11:26:57] LONDRES (AFP) L’inflation a officiellement crevé le plafond des 3% au Royaume-Uni, une mauvaise nouvelle économique de plus pour le gouvernement et la confirmation d’un casse-tête pour la Banque d’Angleterre. Après 3,0% sur un an en avril, la hausse des prix est passée à 3,3% en mai, selon les chiffres communiqués mardi par l’Office des statistiques nationales. C’est pire que ce que craignaient les économistes, qui tablaient sur une inflation de 3,2%, note la banque Calyon. Du coup, le gouverneur de la Banque d’Angleterre, Mervyn King, a dû écrire une lettre d’explication au Chancelier de l’Echiquier (ministre des Finances) Alistair Darling, comme le prévoient les statuts de la banque centrale britannique lorsque l’inflation dépasse de plus d’un point l’objectif de 2% fixé par le gouvernement. C’est la seconde fois seulement depuis l’obtention de son indépendance en 1997 que la Banque d’Angleterre est sommée de s’expliquer de cette manière. Le précédent cas similaire remontait au printemps 2007. A l’époque, l’inflation n’avait dépassé que de justesse les 3%, mais elle avait décéléré dès le mois suivant pour revenir à un niveau jugé plus raisonnable. Cette fois, la situation est beaucoup plus inquiétante. La Banque d’Angleterre considère que l’inflation, nourrie par la hausse des prix du pétrole, qui ont frôlé lundi la barre des 140 dollars le baril, et dans la foulée des coûts des autres matières premières, de l’énergie et des produits alimentaires, pourrait dépasser les 4% au cours du deuxième semestre. M. King a donc confirmé dans sa lettre, comme il l’avait annoncé dès janvier, qu’il devrait donc probablement envoyer plusieurs autres missives au Chancelier (au rythme d’une tous les trois mois, si l’inflation se maintient au-dessus de 3%). Il a tempéré les craintes d’une hausse des taux d’intérêt, soulignant que le ralentissement attendu de la croissance devrait permettre de ramener l’inflation vers son objectif “à moyen terme”, c’est-à-dire dans les deux ans qui viennent. En soulignant que “si les taux étaient utilisés pour faire redescendre l’inflation vers l’objectif des 2% en douze mois, le résultat serait de provoquer une volatilité inutile dans la production et sur le marché de l’emploi”. Mais, dans tous les cas, il paraît désormais très peu probable que la Banque d’Angleterre abaisse prochainement ses taux d’intérêt, actuellement à 4%, malgré la crise du crédit et le retournement du marché immobilier qui font craindre à certains économistes une plongée dans la récession de l’économie britannique. “La seule chose qui semble à peu près certaine pour le moment est que les taux d’intérêt ne vont pas baisser de si tôt, et si la Banque d’Angleterre agit à court terme, ce sera pour les relever”, a résumé dans une note Howard Archer, économiste chez Global Insight. Cette envolée des prix ne fait pas l’affaire du gouvernement, confronté à une grogne sociale montante, et des revendications régulières d’augmentation des salaires de diverses catégories de fonctionnaires. Pour donner l’exemple, les membres du gouvernement vont renoncer à la hausse de leurs émoluments cette année, et Downing Street a appelé les députés à aligner la progression de leurs traitements sur celle des salaires des fonctionnaires. Le recul du pouvoir d’achat et la crise financière, illustrée en septembre par la déroute de la banque Northern Rock, ont déjà contribué selon les sondeurs à l’effondrement de la popularité du Premier ministre Gordon Brown, et à la crise de confiance des électeurs traditionnellement acquis aux travaillistes, comme l’ont prouvé une série de récentes défaites électorales. |
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