[18/06/2008 06:32:04] PARIS (AFP)
Deux semaines après l’ancien coprésident d’EADS Noël Forgeard, l’ancien directeur général délégué du groupe, Jean-Paul Gut, a été placé à son tour en garde à vue dans l’affaire des délits d’initiés présumés commis au sein du groupe fin 2005 et début 2006. M. Gut est entendu depuis lundi par les policiers de la Brigade financière, selon des sources proches du dossier. Sa garde à vue a été reconduite mardi de 24 heures. A l’issue de cette garde à vue, qui peut être interrompue à tout moment, Jean-Paul Gut peut être présenté aux juges Xavière Simeoni et Cécile Pendariès en vue d’une éventuelle mise en examen ou placé sous le statut de témoin assisté. Il peut également être remis en liberté sans aucune charge retenue contre lui. Dans un communiqué, ses avocats ont assuré qu’il n’avait commis aucun délit d’initié. La justice s’intéresse à des ventes d’actions issues de stock-options attribuées par EADS à M. Gut alors que, selon l’Autorité des marchés financiers (AMF), il aurait eu en sa possession des informations privilégiées sur les perspectives financières pessimistes du groupe et des retards à prévoir dans les programmes A380 et A350. Entre 9 et le 29 novembre 2005 puis entre le 8 et le 24 mars 2006, M. Gut avait exercé ses droits sur respectivement 100.0000 et 75.000 stock-options et dégagé plus de 1,7 million d’euros de ces opérations, selon le rapport du gendarme de la Bourse que l’AFP a consulté.
Or, selon l’AMF, M. Gut et d’autres membres du comité exécutif d’EADS auraient eu des informations privilégiées sur les perspectives financières d’Airbus “au plus tard le 3 novembre 2005” et “devaient s’abstenir de les utiliser en cédant des actions EADS”. En tout, 17 dirigeants et anciens dirigeants français et allemands d’EADS et d’Airbus, sa principale filiale, sont soupçonnés de délit d’initié par l’Autorité des marchés financiers. Parmi eux figurent l’actuel patron d’Airbus l’Allemand Thomas Enders ou encore les Français François Auque, pdg de la filiale espace d’EADS Astrium, et Fabrice Brégier, ancien pdg d’Eurocopter. Sur le plan pénal, seul l’ancien coprésident exécutif d’EADS Noël Forgeard est à ce jour poursuivi. Il a été mis en examen le 30 mai pour délit d’initié et s’est vu infliger le versement d’une caution d’un million d’euros. Ancien co-numéro deux d’EADS, M. Gut “a pris l’initiative de demander à être entendu au plus vite par les magistrats” afin d’éviter “des analyses biaisées et des présentations délibérément orientées des faits qui ont fait l’objet de fuites malveillantes”, ont réagi ses avocats dans un communiqué. L’avocat de Noël Forgeard avait déposé une plainte à la suite de la parution de certains extraits de procès-verbaux d’audition de son client.
L’audition de Jean-Paul Gut devant les policiers lui permet d'”être en mesure de démontrer qu’il ne bénéficiait d’aucune information privilégiée lorsqu’il a décidé de procéder à la levée de ses stocks-options”, ont estimé Mes Eric Dezeuze, Yves Repiquet et Diane Pasturel. Cette vente s’inscrivait, selon eux, “dans le cadre de sa pratique constante de levée de ses options” et “s’est déroulée dans le strict respect des réglementations et des règles internes d’EADS, et aux dates autorisées”. Un an et demi après l’ouverture de l’enquête judiciaire, cette nouvelle garde à vue intervient dans un contexte difficile pour le groupe, en proie à des tensions entre Français et Allemands et de nouveaux retards de livraison de l’A380. |
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