[17/06/2008 18:31:14] BRUXELLES (AFP)
Le commissaire européen à la Pêche Joe Borg a refusé mardi de revenir sur sa décision d’interdire la pêche au thon rouge en Méditerranée, malgré les protestations de l’Italie, de la France et de l’Espagne notamment. “On ne peut attendre sérieusement de la Commission qu’elle examine les demandes très mal fondées (des Etats membres) de suspendre la décision entièrement justifiée qu’elle a prise” de fermer prématurément la pêche de ce poisson, a-t-il déclaré dans un communiqué. “La décision de fermer la pêche pour les thoniers-senneurs n’est pas seulement nécessaire à la protection du stock (de thon rouge) et au respect par la Communauté européenne de ses obligations internationales. Elle est aussi vitale pour garantir l’équité” entre les diverses catégories de pêcheurs, a-t-il ajouté. Bruxelles a décidé vendredi de fermer prématurément et en grande partie la pêche au thon rouge en Méditerranée, car les quotas de 2008 pour cette espèce sont selon elle déjà sur le point d’être atteints.
Cette fermeture concerne les thoniers-senneurs, de grands chalutiers qui pratiquent une forme de pêche industrielle au thon rouge et comptent à eux seuls pour quelque 70% des captures totales de cette espèce dans les eaux européennes. La décision a été dénoncée par les principaux pays concernés, France, Espagne et Italie. La France a annoncé un peu plus tôt mardi son intention de soulever le problème lors de la prochaine réunion des ministres de la Pêche le 23 juin à Luxembourg. Théoriquement, même si Paris n’évoque pas encore cette possibilité, une décision de fermeture de pêche par la Commission peut être remise en cause par les Etats-membres de l’Union européenne (UE) par un vote à la majorité qualifiée. Sans attendre, le Syndicat des thoniers méditerranéens, qui regroupe des professionnels français du secteur, a appelé ses adhérents à braver l’interdiction décidée depuis lundi par Bruxelles et de pêcher le thon rouge dès ce mardi minuit en Méditerranée. Ils affirment ne pas avoir encore pêché les quotas qui leur ont été fixés et affirment être prêt au “clash”, y compris en mer, si des navires de contrôle des pêches tentent d’aborder les thoniers. Le gouvernement espagnol a de son côté dénoncé une décision “unilatérale” et injuste” et étudie les possibilités de recours devant la Cour de justice européenne. Le commissaire européen à la Pêche a toutefois rejeté les récriminations des gouvernements, assurant que la décision de fermeture était étayée par des données fiables, dans son communiqué. Il a accusé les pêcheurs de ces pays d’avoir déjà enfreint “à maintes reprises” cette année les règles sur le contrôle des captures. “Par exemple, nous avons connaissance de huit thoniers-senneurs français qui ont passé jusqu’à 21 jours en mer depuis le début de la saison mais n’ont déclaré aucune capture à ce jour. A l’heure qu’il est, la moitié de la flotte française n’a rien pêché au regard des données officielles”, a ajouté M. Borg. Il a également reproché aux Etats de ne pas s’attaquer vraiment au problème de la surcapacité de leurs flottes de pêche. |
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