Lectra
Tunisie, filiale de Lectra, propose une vaste gamme de logiciels, systèmes
de découpe automatique et services à forte valeur ajoutée qui couvre toute
la chaîne de valeur, de la création à la production et
distribution. Elle accompagne en amont et en aval les
entreprises textiles tunisiennes, depuis sa création en 1991.
Objectif :
doter l’entreprise textile de solutions capables de l’aider à améliorer et
sa compétitivité et sa réactivité aux contraintes du marché.
Elle compte,
aujourd’hui, 378 clients en Tunisie. Dans cet entretien qu’il a accordé à
Webmanagercenter, son Directeur, M. Jean Patrice Gros porte un regard
confiant et optimiste sur le devenir du textile tunisien et estime que la
Tunisie dispose de beaucoup d’atouts pour améliorer son positionnement sur
le marché. Entretien.
Webmanagercenter : En quoi consiste exactement la valeur ajoutée que vous
apportez aux entreprises du textile tunisien ?
Jean-Patrice Gros : Lectra Tunisie est présente dans les métiers
de la mode et du textile. En matière de mode, Lectra couvre toute la chaîne
de valeur, du design à la découpe, en passant par la gestion du cycle de vie
des collections.
En Tunisie, Lectra a réussi sa percée
principalement dans la mode et le textile mais elle est aussi fortement
présente dans l’industrie automobile (airbags, sièges et intérieurs de
voitures) et des domaines aussi variés que l’ameublement, la bagagerie, les
accessoires, le nautisme, l’aéronautique,…
Lectra est le numéro un mondial des
solutions technologiques intégrées pour automatiser, rationaliser et
accélérer les processus de conception, de développement et de fabrication
des produits des industries utilisatrices de matériaux souples. Dans le
domaine de la mode, Lectra se distingue de la concurrence par certaines
applications de pointe et des services à haute valeur ajoutée. Parmi
celles-ci figure sa solution Lectra Fashion PLM (Product Lifecycle
Management), spécifiquement dédiée au monde de la mode, qui permet
d’intégrer l´optimisation des processus et la gestion du cycle de vie des
collections, ceci afin de permettre aux entreprises de mieux répondre à la
demande des consommateurs.
Selon vous,
quels sont les atouts de la Tunisie pour mieux se positionner sur le
marché ?
Il y a tout d’abord le niveau
d’éducation des Tunisiens. Même dans les régions les plus reculées du pays,
le textilien investisseur étranger est agréablement surpris de trouver des
travailleurs instruits et qualifiés. La garantie d’un niveau de
qualification et d’instruction correct est indéniablement un des avantages
les plus compétitifs de la Tunisie.
Vient ensuite la forte capacité
d’adaptation des Tunisiens. Ces derniers sont capables de suivre, avec
efficience et succès, un stage de formation dans les mêmes conditions et
délais que les Européens. Ceci est vrai même pour les hautes technologies.
Autre atout : la prise de conscience
élevée des textiliens tunisiens des défis de la conjoncture. Ils accordent,
de nos jours, beaucoup d’intérêt à la logistique, la qualité et la bonne
organisation et gouvernance de leurs entreprises. Certaines entreprises
textiles sont de véritables joyaux en Tunisie. Cette adhésion à la haute
technologie est tellement importante qu’une entreprise tunisienne a pu
tester, en tant que «early adopter», une application de pointe de Lectra,
avant même sa commercialisation, la nouvelle version de Modaris 3D Fit, la
solution de prototypage virtuel 3D pour l’habillement la plus performante du
marché.
Sur quels
terrains les textiliens tunisiens doivent-ils se battre pour s’imposer sur
le marché ?
Globalement, la conjoncture économique
mondiale actuelle, caractérisée par la flambée du cours du pétrole et son
corollaire l’accroissement du coût du transport, sert beaucoup plus les
intérêts de la Tunisie que ses concurrents asiatiques. Les textiliens
tunisiens, sont appelés, plus que jamais, à exploiter au mieux leur
proximité avec l’Europe, le plus riche marché du monde. Pour ce faire, ils
doivent être plus réactifs aux attentes des consommateurs européens,
investir dans les petites séries de qualité. En amont, ils doivent s’équiper
en machines de découpes dédiées aux petites séries et de logiciels de
création «Experts».
La bataille que les textiliens se
doivent de mener est celle du time to
market ou plus simplement celle des délais. Sur ce plan, la
Tunisie est cinq fois plus réactive que ses concurrents asiatiques.
Il y a deux
ans et demi, on prévoyait au textile tunisien un tsunami ; Lectra, en tant
que partie prenante de cette branche d’activité, qu’en pense-t-elle?
Pour répondre à votre question, je
voudrais évoquer ici le cas du textile canadien, ayant travaillé pour Lectra
Canada pendant 6 ans, avant de rejoindre la Tunisie. Il y a quelques années,
le textile canadien, abandonné par les donneurs d’ordre américains a connu,
deux ans durant, de sérieuses difficultés. Quelque 400 mille Canadiens
travaillant dans le textile se sont retrouvés dans une situation très
difficile. Aujourd’hui, une partie d’entre eux ont su réagir en investissant
dans le tissu industriel, plus exactement, dans les niches de fabrication
des gilets pare-balles, gilets de sécurité et vêtements techniques.
Les textiliens tunisiens peuvent
explorer avec succès cette niche du tissu industriel. Lectra, qui dispose de
la technologie requise, peut les aider à mener à terme des projets viables.
D’ailleurs, Lectra Tunisie s’emploie
actuellement à étendre son accompagnement technique en Tunisie à d’autres
filières. De concert avec le Centre technique du bois, elle entend investir
dans l’accompagnement d’entreprises opérant dans les filières de
l’ameublement. Lectra accompagne aussi les professionnels du monde de
l’automobile, de l’aéronautique et d’autres secteurs industriels.
Lectra a, à ce sujet, des projets de
très haute technologie en Tunisie.
Voudriez-vous
nous en parler ?
Pour des raisons de confidentialité et
de concurrence, je m’interdirai de vous en révéler davantage.
Selon vous,
le ‘’made in’’, est-ce une menace ou une opportunité pour le textilien sud
méditerranéen ?
Le ‘’made in’ est en principe un
mécanisme neutre. Je ne suis pas réellement en mesure de vous dire si c’est
un avantage ou un inconvénient, mais il est certain qu’il aurait la
possibilité de mettre en avant le savoir-faire tunisien.
Quelle est
votre stratégie pour le moyen terme ?
Il s’agit, essentiellement, pour nous,
de mener une politique de développement agressive.
Par ordre de priorité, nous allons nous
focaliser sur la pérennisation de la plateforme Tunisie afin d’en faire une
tête de pont pour conquérir les marchés de proximité. Nous travaillons déjà
avec Malte dont plusieurs entreprises se sont délocalisées en Tunisie. Nous
avons des contacts avec l’Algérie, qui demeure un marché difficile. Avec la
Libye, beaucoup reste à faire.