[18/06/2008 14:40:08] PARIS (AFP) La France, première destination touristique mondiale devant l’Espagne et les Etats-Unis, est en perte de vitesse sur le marché international, où ses parts ne cessent de s’éroder, et doit redoubler d’efforts d’ici 2020 si elle veut conserver son rang. Avec 82 millions de visiteurs en 2007, le tourisme en France “reste un secteur important”, mais des “signes de fragilité apparaissent”, a prévenu mercredi le secrétaire d’Etat chargé du Tourisme, Hervé Novelli. Il s’exprimait devant un millier de professionnels réunis aux Assises nationales du tourisme à Paris, à la veille de l’annonce d’un plan d’action censé “donner un nouvel élan” au secteur. Confrontée à l’émergence de destinations comme le Maroc, la Tunisie, la Croatie ou Dubaï, la France a vu sa part de marché diminuer à 9,1% en 2008, contre 11,9% en 1990. Quant aux recettes touristiques, la France s’est fait doubler en 2002 par son premier concurrent européen, l’Espagne, et n’occupe désormais que le troisième rang, avec quelque 39 milliards d’euros en 2007. “La France a un patrimoine très riche, mais n’arrive pas à le mettre suffisamment en avant”, a regretté Jean-Marc Bellaïche, expert du cabinet américain Boston Consulting Group (BCG), chargé de dresser l’état des lieux du tourisme en France. La France reste à la traîne en termes d’accueil des touristes: seulement 20% se sentent bien accueillis en France, contre 30% en Espagne et 33% en Italie, selon un sondage Ipsos.
Pire, alors que la France se targue de son excellence en matière d’art culinaire, elle se fait désormais devancer par l’Italie, qui recueille 51% d’avis positifs pour sa “nourriture de qualité”, contre 42% pour la France. “On est le pays le plus beau du monde, mais cela ne suffit pas. Il faut passer la vitesse supérieure”, a plaidé Gilles Pélisson, directeur général du groupe hôtelier Accor. La réforme du classement hôtelier, qui prévoit notamment la création d’une cinquième étoile, constitue pour lui un premier pas: “Nous avons des normes très décalées par rapport aux autres pays. Un Sofitel à Pékin est classé 5 étoiles, alors que le même à Paris n’est que 4 étoiles luxe.” Denis Wathier, président du directoire de Thomas Cook France, a déploré “une vraie pénurie de +resorts+ hôteliers à proximité des grands aéroports”, un concept dont l’Espagne a fait son atout. “20% du territoire français accueille 80% des touristes internationaux”, a rappelé Gérard Brémond, PDG du groupe Pierre et Vacances. Pour le cabinet BCG, le tourisme international est “trop polarisé sur Paris”. Côté dépenses, la France fait figure de lanterne rouge: Maison de la France, organisme chargé de la promotion touristique à l’étranger, disposait en 2007 de 77 millions d’euros, dont 33,4 millions financés par le budget de l’Etat. S’y ajoutent les dépenses des collectivités locales et territoriales. A titre de comparaison, le gouvernement espagnol consacre 130 millions d’euros par an à la promotion touristique, et a débloqué une rallonge de 322 millions d’euros pour son “plan Tourisme 2020”. Rapporté au nombre de visiteurs, la France arrive avant-dernière en termes budgétaires parmi 47 pays étudiés par l’Organisation mondiale du tourisme (OMT). “Il ne suffit pas d’avoir de bons produits, il faut aussi se donner les moyens de les vendre”, a commenté son président, Francesco Frangialli. Un avis partagé par le président du Conseil mondial du voyage et du tourisme (WTTC), Jean-Claude Baumgarten, qui juge minimes les efforts budgétaires alors que “le secteur représente 6,3% du PIB en France”. |
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