Avions ravitailleurs : la Cour des comptes américaine donne raison à Boeing

 
 
[18/06/2008 21:52:44] WASHINGTON (AFP)

La Cour des comptes américaine (GAO) a donné raison mercredi à Boeing qui contestait les conditions d’attribution par le Pentagone d’un méga-contrat d’avions ravitailleurs à l’européen EADS et à son partenaire américain Northrop Grumman, suggérant de tout remettre en jeu.

“Notre étude nous a conduit à conclure que l’Air Force a commis nombre d’erreurs significatives qui pourrait avoir affecté le résultat d’une compétition qui était serrée entre Boeing et Northrop Grumman”, a estimé la Cour, à l’issue d’un examen de trois mois de la procédure.

“L’Armée de l’air a été informée du rapport du GAO, étudie les conclusions et recommandations”, et livrera sous peu ses commentaires, a réagi un de ses porte-parole.

L’US Air Force a 60 jours pour informer la Cour des actions qu’elle compte entreprendre.

Cette recommandation, qui constitue un revers cinglant pour l’armée de l’Air et pour EADS, maison-mère d’Airbus, est le dernier épisode d’une histoire aux multiples rebondissements.

Ce contrat de 35 milliards de dollars avait déjà été attribué à Boeing avant d’être annulé pour fraude. Le scandale, retentissant, avait valu la prison à deux cadres de l’avionneur.

L’annonce du GAO mercredi risque de retarder encore un fois le renouvellement d’une flotte vétuste de “stations-service volantes”.

Mardi, le Pentagone avait averti qu’un nouveau délai poserait un “vrai problème”. “C’est l’acquisition prioritaire de l’armée de l’Air, nous sommes en retard de dix ans, l’âge moyen de cette flotte est de 47 ans”, avait alors fait valoir le porte-parole du Pentagone Geoff Morrell.

Dans son rapport, le GAO note sept points qui ont pu, à son sens, fausser la compétition. En particulier, la Cour a noté que Boeing était moins cher que son rival sur tout le durée de vie du programme, après correction de certaines erreurs mises au jour lors de son examen de la procédure.

La Cour, dont l’avis est pratiquement toujours suivi par les pouvoirs publics, recommande à l’Air Force de “rouvrir les discussions” avec les deux compétiteurs. Elle suggère à l’Armée de l’air “d’obtenir des propositions révisées, de réévaluer les propositions réévaluées et de prendre une nouvelle décision sur la sélection de son fournisseur, cohérente avec (sa) décision”.

Boeing s’est félicité d’avoir obtenu gain de cause.

“Nous accueillons et soutenons la décision du GAO aujourd’hui qui reconnaît le bien-fondé de notre plainte” et “sommes impatients de travailler avec l’armée de l’Air aux prochaines étapes de cette acquisition cruciale pour nos combattants”, a déclaré Mark McGraw, vice-président de Boeing, en charge des programmes d’avions ravitailleurs.

Northrop s’est contenté d’affirmer “respecter l’analyse du GAO”, en soulignant qu’il continuait de croire qu’il avait “le ravitailleur le plus moderne et capable”.

Cette compétition – à haute teneur politique – a opposé pendant des années le KC-45, une version militarisée de l’A330 d’Airbus, et le KC-767, un dérivé du 767 de Boeing.

Le 29 février, l’armée de l’air américaine avait choisi EADS et Northrop pour fournir 179 avions ravitailleurs. Cette décision, véritable coup de tonnerre, avait suscité une levée de boucliers protectionniste au sein des rangs du Congrès.

L’action Boeing est montée de près de 2% à la Bourse de New York, peu après l’annonce de la décision de la Cour des Comptes, avant de refluer. Vers 19H00 GMT, elle gagnait encore 1,01% à 75,13 dollars, tandis que l’action Northrop cédait à l’inverse 0,41% à 70,80 dollars.

 18/06/2008 21:52:44 – Â© 2008 AFP