[20/06/2008 14:12:52] PARIS (AFP)
L’inflation contrecarre les effets de la bonne tenue relative de l’emploi, comme en témoignent l’annonce vendredi d’une baisse du pouvoir d’achat du salaire mensuel de base au premier trimestre et la prévision par l’Insee d’une stagnation, au mieux, des salaires réels en 2008. Le ministère de l’Emploi a très officiellement confirmé ce que le consommateur constatait depuis plusieurs mois : le salaire mensuel de base (SMB) a beau augmenter (en moyenne +1,1% au 1er trimestre, +2,7% sur un an), cela ne compense pas la dérive des prix à la pompe et au rayon alimentaire. Il a perdu -0,4 point de pouvoir d’achat au 1er trimestre. C’est la première fois depuis au moins 2002 que l’évolution du pouvoir d’achat du SMB passe en négatif, selon la direction des études du ministère (Dares). Les optimistes auront beau jeu de saluer que le salaire mensuel de base correspond à la rémunération de base déclarée par les entreprises, hors primes, gratifications et heures supplémentaires. Mais le salaire moyen par tête (SMPT) qui reflète de manière plus exhaustive la masse salariale versée par les entreprises, est lui aussi mal orienté. En effet, le salaire nominal moyen par tête augmentera de manière “plus dynamique” qu’en 2007, mais le salaire moyen réel va stagner, et même baisser pour les agents des administrations publiques, prédit l’Insee.
L’Insee précise que “la réforme des heures supplémentaires aurait soutenu la hausse du salaire moyen par tête fin 2007 et début 2008”, mais que “cet effet positif devrait toutefois s’estomper progressivement”. Pour les ouvriers et les employés, la situation est inédite depuis 1984-85 selon les experts : l’inflation a annulé tous les gains de pouvoir d’achat du salaire horaire de base ouvrier (SHBO). Le niveau du Smic horaire (8,63 euros brut/heure) devrait donc être relevé de 0,9% le 1er juillet, après sa revalorisation anticipée de 2,3% en mai. Cette revalorisation doit être annoncée officiellement lundi. Plus de deux millions de salariés, dont 900.000 à temps partiel sont concernés. Elle donnera un avant-goût de la réforme sensible du salaire minimum que prépare le gouvernement qui devrait se traduire par un retour au mode de calcul d’avant mai 1968, quand le Smic s’appelait le Smig et ne tenait compte que de l’inflation, selon les premiers éléments divulgués par le gouvernement. Par catégorie, les cadres et les professions intermédiaires ont mieux renégocié leurs salaires au 1er trimestre (+1,3% et +1,2%) que les ouvriers et les employés (+1% et +0,8%). Mais sur un an, l’évolution du SMB est assez similaire.
La palme du pouvoir d’achat perdu revient aux employés de la santé et de l’action sociale où le salaire horaire de base ouvrier (SHBO) a le plus faiblement augmenté (+1,8% sur un an). En outre, le secteur des services aux particuliers, présenté comme un gisement prometteur d’emplois non délocalisables, est lanterne rouge pour les salaires, selon les chiffres ministériels. Autre enseignement, dans les entreprises de 10 salariés ou plus, le temps partiel progresse à 15,7% fin mars (contre 15,3% en mars 2006) et la part des salariés en CDD est elle aussi en hausse à 6,7% (6,2% en mars 2006). La nature du contrat de travail (CDI, CDD, temps partiel, interim) est un facteur clef du pouvoir d’achat souvent négligé. Il suffit d’être un salarié à temps complet rémunéré au salaire moyen pendant douze mois dans l’année pour faire partie des 25% de personnes “les mieux payées” de France. On est en revanche parmi les plus pauvres dès lors que l’on travaille “à temps partiel et/ou seulement une partie de l’année”. |
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