Opep : augmenter la production de pétrole serait “illogique et irrationnel”

 
 
[20/06/2008 14:31:25] ALGER (AFP)

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ésident de l’Opep Chakib Khelil, le 9 juin 2008 à Alger (Photo : Fayez Nureldine)

Le président de l’Opep Chakib Khelil a affirmé qu’il est “illogique et irrationnel” de demander au cartel d’augmenter sa production pour juguler la flambée des prix du brut, dans une déclaration vendredi à l’agence Algérie Presse Service (APS).

“Demander aux pays producteurs de pétrole d’augmenter leur offre est illogique et irrationnel”, a déclaré M. Khelil, qui est également ministre algérien de l’Energie et des Mines, à deux jours de la réunion dimanche de Djeddah (Arabie Saoudite) entre producteurs et consommateurs.

M. Khelil a indiqué qu’il était invité à cette réunion, qui se tient à l’initiative de l’Arabie Saoudite, en tant que ministre algérien et non pas en sa qualité de président de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep).

“Je suis invité en tant que ministre algérien de l’Energie et des Mines. Je n’ai donc pas de mandat de l’Opep pour une position de cette organisation”, a-t-il dit.

“L’Arabie Saoudite a décidé de convoquer une réunion entre les pays producteurs et consommateurs ainsi que les groupes pétroliers pour définir les causes de la hausse des cours du pétrole (…) L’objectif principal de la réunion de Djeddah est de clarifier les positions concernant les raisons de cette hausse”, a expliqué M. Khelil.

“Va-t-on demander aux pays qui produisent des voitures, des ordinateurs, des panneaux solaires ou des turbines à gaz d’augmenter leurs productions sous prétexte que ces prix sont très élevés?”, s’est interrogé le ministre, en rejetant de nouveau la thèse des pays consommateurs selon laquelle l’augmentation des prix du pétrole est due à une baisse de la production.

Selon le ministre, des “raisons plus importantes” que le niveau de la production Opep, sont à l’origine de la hausse des cours.

Il a énuméré “la spéculation, les tensions géopolitiques en plus des facteurs sous-jacents comme la capacité de raffinage limitée qui, combinée à l’introduction du bioéthanol, a généré une baisse de la disponibilité du gazole et une hausse du prix de ce carburant”, a-t-il dit.

Il a cité aussi les taxes prélevées par les grands pays consommateurs comme la France et l’Angleterre sur les produits pétroliers et déploré que ces pays refusent de les réduire au prétexte qu’une “telle mesure favoriserait la consommation de pétrole”.

Un autre facteur de la hausse, est la crise des “subprime” (prêts hypothécaire à hauts risques) qui a généré une baisse des taux d’intérêt du Trésor américain conduisant à une dépréciation du dollar par rapport à l’euro et l’introduction du bioéthanol comme source d’énergie “sur fond de crainte de l’épuisement de ressources pétrolières dans le monde”, a-t-il dit.

“Ce sont autant de thèmes qui seront débattus lors de la réunion de Djeddah”, a-t-il affirmé, en insistant que le manque d’approvisionnement “n’est pas un argument solide” dans une conjoncture marquée par l’augmentation de la production de l’Arabie saoudite et de l’Irak.

Relevant que l’augmentation de 300.000 barils/jour annoncée par l’Arabie Saoudite, a eu une “effet nul” sur le marché, M. Khelil a souligné : “je ne crois pas que c’est cela le problème”.

L’Opep n’intervient qu’à 40% dans la production mondiale et les plus grands producteurs: les Etats-Unis, la Norvège et la Russie, ne sont pas membres de cette organisation, a encore dit M. Khelil.

“L’Opep ne veut pas profiter de la situation du marché pour obtenir des prix élevés”, a-t-il poursuivi.

L’Opep doit se réunir le 9 septembre à Vienne pour examiner la situation du marché et décider du niveau de sa production future.

 20/06/2008 14:31:25 – Â© 2008 AFP