Pétrole : les spéculateurs dans le collimateur lors de la réunion de Djeddah

 
 
[21/06/2008 20:08:38] DJEDDAH (AFP)

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éhicule le 21 juin 2008 à Djeddah (Photo : Hassan Ammar)

Le rôle des spéculateurs dans la flambée des prix du pétrole devait être l’un des thèmes conflictuels lors de la conférence qui réunira dimanche à Djeddah les principaux pays producteurs et consommateurs de pétrole.

Un document commun, qui devait servir de base aux discussions et à la et auquel l’AFP a pu avoir accès, estime qu’il faut “améliorer la transparence et la régulation des marchés financiers”.

La mise en cause des spéculateurs est toutefois “très controversée”, a indiqué un haut responsable du secteur international de l’Energie, s’exprimant sous couvert de l’anonymat. Il a ajouté qu’une telle formulation inquiétait notamment les Etats-Unis.

“Nous ne pouvons trouver aucune preuve que la spéculation financière conduise les prix”, a ainsi déclaré le secrétaire américain à l’énergie, Samuel Bodman, lors d’un point de presse samedi à Djeddah.

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à l’Assemblée nationale à Paris (Photo : Bertrand Langlois)

“L’argent suit la progression des marchés. Ce n’est pas lui qui (les) conduit”, a-t-il affirmé, prenant donc le contrepied de la position de l’Arabie saoudite, leader de facto de l’Opep (Organisation des Pays exportateurs de Pétrole).

La réunion de Djeddah, convoquée par l’Arabie saoudite, accueillera notamment le Premier ministre britannique Gordon Brown, le vice-président chinois Xi Jinping, M. Bodman, le ministre allemand de l’Economie Michael Glos, son homologue français en charge de l’énergie Jean-Louis Borloo et les dirigeants de la plupart des pays producteurs du Golfe.

La mise en cause des spéculateurs pourrait être atténuée dans le document final, même si plusieurs pays producteurs estiment que les marchés financiers ont “des attentes irréalistes” concernant les niveaux à venir des prix du pétrole, selon le projet de document.

Ceux-ci ont frôlé les 140 dollars en début de semaine et certaines des banques d’affaires de Wall Street, comme Goldman Sachs, prédisent un pic à 200 dollars dans les deux ans.

L’Arabie saoudite, premier exportateur mondial de pétrole, juge, pour sa part, que la spéculation est l’un des principaux facteurs responsables de l’envolée actuelle des cours.

Elle s’inquiète également des conséquences de ce nouveau choc pétrolier sur la demande et la croissance de l’économie mondiale.

Les autorités saoudiennes ont déjà fait savoir qu’elles allaient produire 200.000 barils/jour (b/j) de plus pour tenter d’enrayer la hausse, après avoir augmenté leur production d’environ 300.000 b/j en mai.

La production totale de l’Arabie devrait ainsi passer de 9,45 millions de barils/jour (mb/j) à 9,65 mbj.

Le document qui sera débattu dimanche à Djeddah demande aussi une meilleure collecte des informations sur le marché du pétrole par des organisations telles que l’Opep, l’AIE (Agence internationale de l’Energie) et le Forum international de l’Energie (IEF).

Le but est d’améliorer la transparence du marché et de lutter contre le fait que les différentes prévisions de production et de consommation “envoient des signaux contradictoires aux marchés” et alimentent les craintes de pénurie mondiale de pétrole.

Le document demande une augmentation des capacités de raffinage, qui sont actuellement limitées par “un manque d’investissement, les normes environnementales, l’inflation des coûts et des législations restrictives”.

Il souligne que la création de “capacités excédentaires dans la chaîne de production est importante pour la stabilité du marché mondial” et requiert “une augmentation des investissements en amont (exploration et production) et en aval (raffinage et distribution) pour s’assurer que les marchés sont approvisionnés de manière adéquate”.

La réunion de Djeddah devrait également appeler à des mesures d’aide pour les pays les plus pauvres touchés par l’envolée des cours, selon le document consulté par l’AFP.

 21/06/2008 20:08:38 – Â© 2008 AFP