Pêche au thon : Paris et Rome isolés dans leur conflit avec Bruxelles

 
 
[24/06/2008 17:33:47] LUXEMBOURG (AFP)

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çais de l’Agriculture et de la pêche Michel Barnier (d) et son homologue chypriote le 24 juin 2008 à Luxembourg (Photo : Dominique Faget)

La France s’est retrouvée plutôt isolée avec l’Italie mardi dans sa fronde contre la fermeture de la pêche au thon rouge décrétée en Méditerranée, très peu de pays européens étant prêts à défier ouvertement Bruxelles à ce sujet.

En revanche, la plupart des ministres européens de la Pêche, réunis à Luxembourg, sont d’accord pour demander à la Commission européenne qu’elle fasse davantage pour aider les pêcheurs à supporter la flambée des prix du carburant, à l’origine d’un mouvement de grogne depuis plusieurs semaines.

En arrivant à cette réunion, le ministre français Michel Barnier a reconnu que l’interdiction de la pêche industrielle au thon rouge proclamée mi-juin par Bruxelles, au nom de la sauvegarde de l’espèce, ne pouvait plus être remise en cause malgré la colère des thoniers français.

“Malheureusement, il n’y aura plus de pêche cette année puisqu’elle (la Commission) a pris cette décision”, a-t-il dit aux journalistes.

Il a néanmoins fait état d'”une incompréhension sérieuse” face à cette décision “brutale”.

Paris affirme que selon les données recueillies auprès de ses thoniers, les quotas français ne sont utilisés qu’à hauteur de 52%. Mais la Commission, surveillance satellitaire à l’appui, soupçonne certains pêcheurs de ne pas déclarer toutes leurs captures.

La France, soutenue par quelques pays méditerranéens, surtout l’Italie et dans une moindre mesure la Slovénie, entend donc demander des explications à Bruxelles ce mardi.

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çant choisit du Thon sur un marché à Madrid, le 12 juin 2008 (Photo : Philippe Desmazes)

Mais le front du refus s’étiole. L’Espagne s’en est clairement démarquée mardi. “Il n’y a aucun problème pour fermer la pêche en Espagne” car les quotas nationaux sont atteints, a affirmé mardi à la presse la ministre espagnole de la Pêche, Elena Espinosa.

Madrid a, il est vrai, obtenu une semaine de plus de pêche que la France et l’Italie. “Nous avons agi avec une transparence absolue. Nous voulons que tous les pays agissent de la même manière”, a ajouté Mme Espinosa, soulignant que “chacun devra défendre sa situation”.

L’an dernier, l’Espagne s’était plainte vertement de dépassements de quotas de pêche au thon par les Italiens et les Français, les accusant de ne pas jouer le jeu.

Quant au Portugal, son ministre Jaime Silva a aussi pris ses distances en soulignant que la polémique sur la pêche au thon concernait “principalement la France”.

Paris et Rome ne peuvent en outre guère compter dans leur croisade sur le soutien des pays du Nord de l’Europe, toujours très sourcilleux dès qu’il est question d’environnement et de protection des espèces.

La ministre néerlandaise Gerda Verburg a estimé que la décision de Bruxelles était “nécessaire”.

“Nous avons la responsabilité commune de sauvegarder le thon rouge” et “de préserver l’avenir”, a-t-elle dit.

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à Luxembourg (Photo : Dominique Faget)

La réunion de Luxembourg doit aussi être l’occasion d’examiner des mesures d’aide d’urgence que vient de présenter la Commission en vue d’atténuer l’impact du gazole cher pour les pêcheurs. Elle l’a fait sous pression des gouvernements européens, confrontés à des mouvements de protestation de la profession.

Bruxelles veut relever nettement le plafond toléré pour les aides économiques nationales au secteur et autoriser les Etats à verser des compensations financières à leurs pêcheurs lorsqu’ils sont contraints de rester à quai pendant de courtes périodes.

Tous les ministres parlent d’un “pas dans la bonne direction” mais ils demandent à la Commission d’aller plus loin, soit en augmentant les fonds européens pour la pêche, soit en permettant aux gouvernements d’utiliser plus facilement les enveloppes disponibles.

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