Chantiers navals : STX convoite Aker Yards pour former le leader mondial

 
 
[23/06/2008 12:45:54] OSLO (AFP)

photo_1214220051702-1-1.jpg
à Saint-Nazaire, en 2007

Le sud-coréen STX Shipbuilding, déjà actionnaire de référence d’Aker Yards, va lancer une offre sur la totalité du groupe norvégien, propriétaire des ex-Chantiers de l’atlantique, avec l’objectif déclaré de former le numéro un mondial du secteur.

En réaction, Aker Yards a dit attendre le dépôt formel d’une offre, indiquant toutefois qu’il ne se donnerait qu’au prix fort.

STX, qui détenait jusqu’alors 39,2% d’Aker Yards, a acquis lundi un peu plus de 1,3 million d’actions Aker Yards à 63 couronnes l’unité (7,86 euros), franchissant le cap fatidique des 40%, à 40,39%, à partir duquel la loi norvégienne impose de déposer une offre sur la totalité du capital.

“STX lancera une offre obligatoire sur la société dès que cela sera possible dans la pratique”, a indiqué STX dans un communiqué. “L’offre sur Aker Yards est un pas important dans la stratégie globale de STX en vue de former le numéro mondial de la construction navale”, a-t-il ajouté.

Le rachat d’Aker Yards ouvrirait au sud-coréen la porte du marché lucratif des navires de croisière, une niche aux mains des Européens: Aker Yards, avec ses chantiers français et finlandais, et l’italien Fincantieri se disputent le leadership mondial du secteur, suivis par l’allemand Meyer Werft.

STX avait laissé entrevoir ses ambitions d’accroître son influence le 12 juin en concluant un accord avec l’Etat français sur le sort des ex-Chantiers de l’Atlantique, aujourd’hui baptisés Aker Yards France, sans apparemment en informer le groupe norvégien.

Au terme de cet accord censé “sécuriser ses intérêts stratégiques et industriels”, le gouvernement français reprendra 9% des chantiers de Saint-Nazaire et Lorient, actuellement contrôlés à 75% par Aker Yards et 25% par Alstom.

Selon une source proche des négociations, l’Etat français s’est assuré un droit de rachat prioritaire des 25% qu’Alstom s’est engagé à conserver jusqu’en 2010, ce qui donnera à Paris une minorité de contrôle de 34%.

Aker Yards s’était déclaré “surpris” de cet accord dont il dit avoir pris connaissance par voie de presse.

Lundi, le groupe norvégien a indiqué entre les lignes qu’il ne soutiendrait les nouvelles ambitions de STX qu’à la condition que celui-ci accepte d’y mettre le prix.

“Le conseil de surveillance escompte une valeur juste pour la compagnie, y compris une prime de prise de contrôle adaptée”, a indiqué Aker Yards dans un communiqué.

“Le conseil de surveillance examinera l’offre lorsque celle-ci sera disponible et fournira alors un avis aux actionnaires quant à sa valeur”, a-t-il ajouté.

Les marchés semblent eux aussi parier sur le fait que STX devra débourser davantage que 63 couronnes. En fin de matinée, l’action Aker Yards s’envolait de 17,70% à la Bourse d’Oslo, à 66,50 couronnes, portant la capitalisation du groupe à 7,22 milliards de couronnes.

“Il faudra qu’ils payent sensiblement plus s’ils veulent ramasser suffisamment d’actions pour obtenir la majorité” d’Aker Yards, a déclaré à l’AFP Terje Mauer, un analyste de Glitnir Securities, qui estime que 70 couronnes est “un minimum”.

“Avec 39,2%, ils n’avaient pas de pouvoir de décision, juste une minorité de blocage. S’ils veulent aller au-delà d’une simple participation financière, il leur faudra payer une prime de contrôle même s’ils tenteront peut-être tout de même une offre à 63 couronnes dans un premier temps”, a-t-il dit.

Le porte-parole de STX en Norvège, Henrik Halvorsen, a pour sa part décliné de fournir des indications sur le prix.

“Le marché réagit toujours de la sorte en pareilles circonstances”, a-t-il dit à l’AFP.

STX a affirmé lundi qu’il entendait conserver “la configuration actuelle d’Aker Yards pour (lui) permettre d’améliorer ses propres compétences spécialisées”, à savoir les paquebots et les navires de services offshore.

 23/06/2008 12:45:54 – Â© 2008 AFP