La consommation des ménages rebondit, les incertitudes demeurent sur la croissance

 
 
[24/06/2008 14:34:59] PARIS (AFP)

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épartition des dépenses des ménages

La consommation des ménages français a rebondi de 2% en mai, enregistrant sa plus forte hausse mensuelle depuis janvier 2004 après deux mois de baisse consécutifs: un chiffre rassurant mais qui pourrait ne pas suffire à soutenir la croissance française dans les prochains mois.

Si les dépenses de consommation en produits manufacturés, qui représentent environ un quart de la consommation des ménages en France mais constituent un bon indicateur de la tendance générale, ont fortement progressé en mai, elles avaient toutefois baissé les deux mois précédents (-0,9% en avril, -1% en mars), relativise l’Insee.

“La remontée de mai ne fait que corriger l’atonie passée” et “sur trois mois, la consommation fait du surplace”, relève l’économiste Marc Touati (Global Equities).

Tous les secteurs contribuent à la hausse des dépenses mais c’est surtout le textile (+4,3% après -2,8% en avril) et les ventes d’automobiles (+5,6% après -1,7%), qui en ont été les principaux moteurs.

L’augmentation des ventes textiles “est liée à une amélioration des conditions climatiques, plus tardive que d’habitude, qui a permis le véritable lancement de la saison des ventes estivales seulement en mai. Le mauvais temps avait en revanche pesé sur les ventes d’avril, et la hausse de mai suit en fait trois mois de baisse d’affilée, qu’elle ne compense pas”, analyse Mathieu Kaiser (BNP Paribas).

“La croissance la plus remarquable se situe dans l’automobile. Il est vrai qu’après deux mois de baisse, l’indicateur était appelé à se redresser”, renchérit Alexander Law (Xerfi), estimant toutefois que les ventes risquent d’être limitées aux petites cylindrées en raison du bonus-malus et de la hausse du pétrole, avec un soutien réduit à la consommation.

Or la consommation des ménages est traditionnellement ces dernières années le principal moteur de la croissance, loin devant l’investissement des entreprises et un commerce extérieur de plus en plus mal en point.

Sur les douze derniers mois, les dépenses de consommation en biens durables sont tout de même en hausse de 7,3%. Mais pour le textile-cuir, elles n’ont progressé que de 2% entre mai 2007 et mai 2008 et “la période des soldes qui va s’ouvrir sera absolument cruciale pour sauver la saison des détaillants”, prévient M. Law.

Les biens d’équipement du logement progressent, eux, très lentement (+0,6% en mai, +6,2% sur un an), une situation appelée à perdurer avec le retournement annoncé du marché de l’immobilier, confirmé par les très mauvais chiffres des mises en chantier publiés mardi.

Même si une poursuite de la progression des ventes est “envisageable” en juin, “au vu de la très mauvaise orientation de la confiance des ménages, plombée par l’inflation et le marché immobilier, la consommation sera probablement bien insuffisante pour soutenir significativement la croissance du PIB au 2e trimestre”, conclut Mathieu Kaiser.

“L’économie française reste dans une santé plus que fragile. La conjoncture restera atone au moins jusqu’à la fin du troisième trimestre” et aucune reprise durable n’est attendue avant fin 2008 ou début 2009, poursuit Alexander Law.

Les deux économistes tablent pour l’instant sur une croissance de 1,7% cette année.

De son côté, l’Insee prévoit une hausse du PIB de seulement 1,6% sous l’effet d’une consommation des ménages rendue amorphe (+0,1% au 2e et 3e trimestre) par l’inflation et la faiblesse du pouvoir d’achat.

Des prévisions jugées trop “pessimistes” par le gouvernement, qui annonce une progression du PIB de 1,7 à 2% en 2008.

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