Le
bureau de représentation de la banque islamique Noor vient de voir le jour
en Tunisie. Il s’agit de la première banque islamique dans notre pays. Dans
ce qui suit, M. Hussein Al Qemzi, DG de la banque nous fait part de ses
convictions quant aux potentiels de développement de l’institution dans la
région de l’Afrique du Nord, et en particulier en Tunisie.
Webmanagercenter :
Pourquoi aviez-vous choisi la Tunisie comme base de votre activité en
Afrique du Nord ?
Hussein Al Qemzi :
Ce choix a été effectué pour plusieurs raisons. La première est la présence
d’une base juridique qui permet notre présence en Tunisie plus que dans un
autre pays. La deuxième raison est la présence de compétences tunisiennes
bien formées. La troisième raison est celle de la présence d’entreprises
émiraties qui nous ont précédées dans ce marché, tels que Dubaï Holding, I’mar,
Abou Khater. Ceci montre que le marché tunisien a réussi à attirer les
investissements plus que tout autre marché de la région.
Mais nous savons que la
Tunisie ne dispose pas de base juridique en matière de financement
islamique, ne trouvez-vous pas que ceci pourrait présenter une entrave pour
le développement de votre activité dans ce pays ?
Non, je ne crois pas que
ceci posera une entrave pour notre activité. D’ailleurs, dans le monde
islamique, seuls la Malaisie et le Bahreïn dispose de lois qui régissent le
financement islamique. Les autres pays ne l’avaient pas et ont dû s’y
adapter. Par un simple retour à l’histoire, on constate que les expériences
iranienne, soudanaise et pakistanaise qui ont islamisé l’ensemble du système
islamique n’ont pas marché. Le financement islamique n’avait pas eu le
succès qu’il méritait vraiment. Dans les autres pays où de telles
expériences n’ont pas été opérées -tels que les pays du Golfe et les pays
sud-asiatiques-, les banques islamiques ont travaillé dur pour arracher leur
place sur le marché. La Tunisie ne se différencie pas de ces pays.
Vous avez inauguré votre
présence en Tunisie par l’ouverture d’un bureau de représentation. Est-ce
que vous comptez également ouvrir une banque en Tunisie et est-ce que vous
avez eu une autorisation pour le faire ?
Oui, certainement, nous
nous fixons pour objectif d’avoir une banque en Tunisie, mais en seconde
étape. D’ailleurs, nous n’avons pas encore eu une autorisation pour cela.
En quoi consistera
l’objet de votre activité en Tunisie ?
Notre activité consistera
en deux axes. Des opérations financières se traduisant dans le financement
des projets, la gestion de fonds, le déploiement d’opportunités
d’investissement pour les entreprises. D’autre part, notre objectif est
d’effectuer des opérations stratégiques pour l’étude des marchés voisins et
la planification pour la création d’autres filiales de la banque.
Justement, Noor Islamic
Bank est la première banque islamique qui a été autorisée à s’installer en
Tunisie. Est-ce que vous pensez que le contexte est favorable à la promotion
de vos services et produits dans ce pays ?
Oui, nous estimons que le
contexte est favorable. Le marché tunisien est un grand marché qui n’est pas
encore exploité. La Tunisie est à l’Afrique du Nord ce qu’est Dubaï au
Golfe. Celle-ci n’est pas un grand pays, mais elle a excellé en matière de
services des pays voisins. A ce niveau, je crois que la Tunisie est le pays
le plus habilité à le faire en ce moment.
Notre présence en Tunisie nous permettra de prospecter les autres marchés
nord-africains comme le Maroc, l’Algérie et la Libye. Nous voulons créer une
valeur ajoutée sur le marché tunisien. Ce que nous avons réussi à faire sur
les autres marchés. Et cette valeur ajoutée, c’est notre capacité à financer
les projets plus que les banques classiques. Dans les autres pays, les
banques islamiques ont pu même arracher la part des banques étrangères
malgré leur part faible sur le marché. Dans la région du Golf, leur part est
de l’ordre de 14% seulement.