Selon des sources
de la presse africaine, nous apprenons que L’Union africaine a fixé 2009
pour l’adoption du traité instituant un marché commun agricole continental…
Force est de constater
que, malgré son énorme potentiel agricole, l’Afrique subsaharienne demeure
la seule région du monde importatrice nette de produits alimentaires. Ce qui
est surtout mauvais en ces temps de crise alimentaire mondiale et son
cortège de malheur : aggravation de la faim et de la malnutrition sur le
continent. C’était d’ailleurs pour prévenir pareille spirale négative que
l’organisation continentale avait préconisé la création d’un marché commun
africain de produits agricoles stratégiques, dont l’objectif est de garantir
la sécurité alimentaire en Afrique, qui passe par la valorisation des
complémentarités entre les différentes parties de l’Afrique.
Pour ce faire, l’UA avait
déjà commandité une étude pour en déterminer la faisabilité en analysant les
questions juridiques et économiques liées à son établissement, ainsi que les
mécanismes politiques nationaux et régionaux susceptibles de promouvoir le
commerce des produits stratégiques d’envergure continentale, souligne notre
source.
En effet, les résultats
de cette étude montrent, entre autres, que ‘’malgré le léger recul de la
malnutrition sur le continent ces dernières années (de 36% à 27% entre 1979
et 2005), la production alimentaire par personne ne cesse de diminuer, donc
seule issue de secours les importations de produits agricoles qui sont
passées de 19 à 23 milliards de dollars entre 1996 et 2005. Bien évidemment,
ces importations sont fortement dominées par les céréales (37%), les huiles
grasses (11%), les produits laitiers (7,5%), les fruits et légumes (6,4%) et
la viande (4,3%).
Mais dans le même temps,
l’Afrique exporte aussi de plus en plus, puisque les exportations africaines
sont passées pendant la même période de 17 à 21 milliards de dollars,
essentiellement constituées de produits de base tels que le café, le cacao
et le thé, à hauteur de 51%, les fruits et légumes pour 21% et le sucre, 6%.
La balance commerciale continentale demeure donc déficitaire, d’environ 2
milliards de dollars américains.
Même si on n’est pas
lotis comme les pays de l’Union européenne, il y a tout de même une bonne
nouvelle à se mettre sous la dent, c’est que le commerce intra-africain de
produits agricoles se développe. Car, depuis 1995, le taux d’intensité du
commerce intra-régional (qui exprime le pourcentage des échanges
interafricains dans le commerce global de l’Afrique) a augmenté de près de
45%. Pour les céréales, les exportations interafricaines dépassent 60% pour
l’Union du Maghreb arabe (UMA) et 90% pour les autres zones régionales.
On aura donc compris
l’instance africaine compte aller veut aller plus loin, ce qui explique
qu’elle prône la création d’un marché commun africain de produits agricoles
de plus de 944 millions de consommateurs et des importations chiffrées à
plus de 20 milliards de dollars par an. Pour ce faire, il est impératif
d’instituer une zone de libre-échange portant sur un nombre restreint de
produits alimentaires choisis en fonction de leur importance dans le panier
alimentaire et de leur rôle dans la balance commerciale de la région
(recette d’exportation, importation en grande quantité ou potentiel de
production élevé). D’ores et déjà, le riz, les légumineuses, le maïs, les
produits laitiers, la viande de bœuf et de volaille, l’huile de palme et le
coton ont été identifiés, lors du sommet des chefs d’Etat et de gouvernement
d’Abuja sur la sécurité alimentaire.
Cependant, la mise en
place de ce marché commun africain suppose plusieurs préalables
d’importance, à savoir :
–
l’élimination des droits tarifaires sur les produits agricoles stratégiques
; l’adoption d’un système de nomenclature douanière harmonisé ;
– la suppression
des restrictions quantitatives sur les importations de produits agricoles ;
– l’application
de mesures de sauvegarde contre les pratiques commerciales illicites
–
l’adoption de mesures
sanitaires et phytosanitaires harmonisées ;
–
l’adoption de normes
techniques à l’effet de garantir la qualité et faciliter la production et le
commerce ;
– l’intégration
du transport dans la stratégie de création du marché commun africain pour
faciliter la circulation des personnes et des biens.
Soit ! Mais alors remplir
ces préalables quand on sait que la plupart des pays africains sont
signataires –ou s’apprêtent à la devenir- des accords de l’OMC ? En tout
cas, sans se poser cette question, l’étude de l’Union africaine considère
que ce marché commun peut réaliser sous trois variantes.
La première, c’est la
libéralisation à l’échelle continentale : les mêmes règles s’appliquant à
tous les pays africains.
La deuxième option
voudrait que la libéralisation se fasse dans les Communautés économiques
régionales (CER), avec des normes et un calendrier identique ; mais cette
option souffre de deux tares : elle n’aboutit pas à un marché commun
continental et elle laisse entière la question de la double appartenance de
pays à plusieurs communautés économiques régionales.
La troisième et dernière
variante, ce serait de faire une synthèse des deux premières options,
c’est-à-dire que les CER formeraient la base du marché commun, mais une
procédure accélérée serait prévue pour les pays qui souhaitent procéder à
une libéralisation immédiate des échanges commerciaux.
La feuille de route de
l’Union africaine pour la mise en place du marché commun prévoit l’adoption
du protocole de création par les chefs d’Etat et de gouvernement en juin
2009. L’adoption du protocole permettait d’accélérer le processus de
libéralisation des échanges agricoles dans lequel les communautés
économiques régionales sont déjà engagées et qui envisage aussi la
libéralisation des échanges au niveau continental, avec l’élimination des
barrières tarifaires et non tarifaires pour tous les biens et services en
2019.
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